Que vous veniez d’adhérer au système des titres restaurants ou que vous soyez installés depuis plusieurs années dans ce dispositif qui renforce le pouvoir d’achat de vos salariés, n’oubliez pas de valoriser votre effort auprès de ces derniers. Car leur mémoire est souvent sélective…
C’est un regret parfois exprimé par des dirigeants de petites entreprises, qui ont fait l’effort depuis quelques années de proposer des titres restaurant à leurs salariés : « autant, au début, le geste a été vivement apprécié, autant, avec le temps, j’ai l’impression que cette décision n’est plus jugée à sa juste valeur » nous explique par exemple le fondateur d’une TPE qui préfère garder l’anonymat pour maintenir un bon climat social dans sa société.
Il n’y a pourtant aucun ambiguïté : le fait de distribuer des titres restaurants aux salariés, quel que soit leur montant, est un véritable plus pour leur pouvoir d’achat. Cela représente, pour un ticket à 8 euros de valeur faciale, avec 50% de prise en charge par l’entreprise (et jusqu’à 60%), une manne supplémentaire d’environ 880 euros sur une année, non imposable sur le revenu. Soit la moitié du salaire net médian en France et les deux tiers d’un SMIC.
Encore faut-il bien l’expliquer. Au début mais aussi à chaque fois que le dispositif est reconduit…
Ce qu’il faut dire au moment de l’entrée dans le dispositif
- C’est évidemment la période la plus favorable puisque, concrètement, vous allez apporter du pouvoir d’achat à vos collaborateurs en place.
- Faites en l’occasion d’un dialogue positif, autour de la question du bien manger le midi, avec les partenaires sociaux si vous en avez dans l’entreprise, ou directement avec vos collaborateurs.
- Quel que soit le montant retenu, la participation de l’entreprise à hauteur de 50% va directement impacter à la hausse leur pouvoir d’achat
- N’oubliez pas de prévenir vos salariés que, sur la première fiche de paye reçue après l’entrée dans le dispositif, ils se verront retirer leur contribution à l’achat de ces titres, soit 50% au plus de leur valeur faciale. Mais en échange, ils recevront au moins le double de ce montant déduit, en titres restaurant.
- En cas d’embauche, en revanche, il vous faut construire un argumentaire pour les nouveaux entrants, justifiant une éventuelle limitation de leur salaire par l’existence de ces titres restaurants.
Ce qu’il faut dire quand vous renouvelez le contrat avec l’émetteur de titres restaurant
Pour rappel, ces contrats peuvent être de durées diverses mais il est fréquent que les engagements de l’entreprise soit annuels voire pluri-annuels. Rien ne vous empêche de sortir du dispositif (sauf exceptions, voir encadré), il est donc important de scénariser le renouvellement de votre engagement d’employeur
- Vous pouvez augmenter régulièrement la valeur faciale des titres distribués, en démontrant à chaque fois le gain pour vos salariés : par exemple, 20 centimes d’euros en plus, financés à 50 % par l’entreprise, représentent pour chacun environ 22 euros de pouvoir d’achat supplémentaire sur l’année : soit un bon repas au restaurant !
- Même sans augmentation, il est toujours intéressant de rappeler à vos collaborateurs les bénéfices du titre restaurant (c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont nommés « bénéficiaires »). Suggestion, démontrez leur que la suppression de cet avantage, à dépense égale pour l’entreprise qui la reporterait sur leur salaire (mais en devant s’acquitter de cotisations sociales et d’un éventuel IS) se traduirait :
- certes par une hausse de leur salaire net d’environ 2 euros par jour (moitié des 4 euros versés par l’entreprise sur un titre d’une valeur faciale de 8 euros).
- Mais leur pouvoir d’achat serait amputé des deux autres euros par jour d’une part (440 euros par an).
- Et par ailleurs, ils auraient à payer un éventuel impôt sur le revenu pour les 440 euros de salaire net supplémentaire (taux marginal minimum de 14%, soit au moins 61 euros de perdus en plus).
Et ce qu’il faut répéter, sans cesse
En tant qu’employeur, vous avez l’obligation de vous assurer que vos salariés font un repas décent le midi. Cela concerne le lieu (une salle dédiée dans vos locaux à partir de 25 personnes mais vous pouvez l’ouvrir bien avant !), le temps libéré mais aussi les moyens. Le titre restaurant en fait partie, rappelez-le sans faillir.
Enfin, nous vous suggérons de montrer votre attachement au pouvoir d’achat de vos salariés par d’autres initiatives, qui ne vous coûteront pas un euro ! Par exemple, celle qui consiste à négocier, avec les restaurateurs de votre quartier, des avantages concrets pour vos salariés : café offert, livraison gratuite, etc.
Sur les titres restaurant, un engagement fort… et relatif à la fois
Un employeur qui s’engage avec un émetteur de titres restaurant n’est tenu de maintenir cet « avantage » que dans deux cas :
- En cas d’accord d’entreprise sur ce point, ou d’accord de branche
- Ou lorsque l’attribution de titres est stipulée dans le contrat de travail
En dehors de ces deux cas, la sortie du dispositif ou la baisse de la valeur facile du titre remis aux salariés, est possible à tout instant. Elle est cependant déconseillée car, au final, cet abandon revient plus cher à l’entreprise qui choisirait de maintenir le pouvoir d’achat de ses salariés via une augmentation de salaire équivalente, comme le démontre l’article ci-contre.