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« Aujourd’hui, il serait juste d’accorder le droit au titre-restaurant à tous les travailleurs, pas seulement aux salariés »
Comme l’a montré une série d’interviews en mode micro-trottoir réalisées pour la conférence Manager Attitude du 29 juin dernier, nombre de travailleurs - autoentrepreneurs, professions libérales, artisans - sont exclus du dispositif des titres restaurant… et ne comprennent pas pourquoi.
Nicolas Herbreteau, Directeur des Relations Institutionnelles chez Edenred France, rappelle qu’à l’origine ce dispositif a bien été conçu pour les salariés, afin de réduire les disparités entre ceux qui avaient, ou pas, accès à des cantines d’entreprises. « Nous étions dans une société avec une écrasante majorité de salariés et la mesure a d’abord profité aux ouvriers, puis dans les années 80, aux employés des banques et des assurances qui travaillaient dans des agences éloignées des sièges, sans RIE ».
Pour l’expert Edenred, l’invention du titre-restaurant est donc liée à une volonté de réduction des inégalités dans les entreprises. Mais aujourd’hui, l’inégalité s’est déplacée et se situe entre salariés et non-salariés.
Ces derniers sont environ 3 millions en France, qui devraient bénéficier également du titre restaurant. Edenred et les acteurs des titres prépayés se mobilisent pour convaincre les institutions de la légitimité d’une telle mesure.
Sylvaine Le Baron, DRH et Vice-Présidente de l’Editeur Talentsoft, s’étonne de cette différence de traitement : « dans notre entreprise, nous faisons travailler des talents et peu importe leur statut. Ce qui compte, c’est leur engagement. Nous les faisons bénéficier déjà de tous les services proposés à nos salariés, sauf ceux qui sont en lien direct avec notre masse salariale… parmi lesquels l’arbre de Noël et les titres restaurant » !
Elargir la protection sociale à ces populations, c’est aussi moderniser cette protection alors que nous assistons à une mutation profonde des modes de travail, avec la part annoncée de moins en moins importantes des CDI dans le paysage, continue Nicolas Herbreteau. « Nous disons aux décideurs, si vous voulez avancer, ne vous creusez pas la tête, il y a des solutions, prenez celle qui fonctionne depuis cinquante ans » !
Frank Delvau, Président du syndicat de restaurateurs UMIH Paris Ile de France, y voit aussi la possibilité de créer de nouveaux emplois dans la profession.
Enfin , Nicolas Herbreteau fait valoir les simplifications d’usage qui en découleraient pour les libéraux par exemple, qui doivent faire des notes de frais chaque midi pour se faire rembourser une partie de leurs cotisations sociales et fiscales : « cela donne surtout du travail à leur expert-comptable » ironise-t-il. « Il n’est que temps de simplifier le système, en permettant à tous les travailleurs de choisir leur façon de déjeuner, et en leur en donnant les moyens. Au passage, cela ne peut faire que du bien à la restauration, donc à l’emploi. Et certaines fraudes comptables n’auront plus lieu d’être ».