Prévention du stress au travail : remonter à la racine du mal-être pour l’extirper !

Le stress chronique en entreprise et les risques psychosociaux sont au cœur des préoccupations dans tous les milieux professionnels. La surcharge de travail et les conflits permanents affectent la santé des salariés et la productivité de l’entreprise. Savoir repérer les facteurs de stress, prévenir le stress au travail et traiter les risques à la source est important et dans l’intérêt de tous ! Comme il est indiqué dans les articles L 4121-1 à 5 du Code du travail, l'employeur se doit d'agir et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé mentale et la santé physique de ses salariés. Études pratiques, stratégies, questionnaires, exemples d’actions concrètes, pistes de réflexion : on vous met tout en main pour y parvenir ! 

Prévention du stress professionnel : engager le dialogue à partir d’un sondage

État des lieux de l’exposition au stress : l’étude Empreinte Humaine

Le baromètre T13 du cabinet Empreinte Humaine, réalisé en mai et juin 2024 sur un échantillon de 2000 salariés, analyse la santé psychologique des salariés français. Il révèle que plus d’un salarié sur 10 se perçoit en état de forte détresse psychologique. Et ce taux atteint les 42 % si l’on y ajoute les détresses modérées !

On y apprend en outre que les jeunes salariés et les télétravailleurs à 100 % sont les plus affectés par le stress en entreprise et les risques psychosociaux. Une bonne politique pour prévenir le stress au travail devrait donc remettre en cause la pertinence du télétravail à 100 %. 

Les facteurs proéminents du stress au travail

L’étude met en évidence l'origine des risques psychosociaux majeurs, que nous répartissons en deux catégories pour plus de clarté : 

Évaluer le poids de ces facteurs dans votre entreprise et élaborer le plan d’actions antistress

💡Rappel : La politique de prévention des risques liés au stress se fait avant tout à un niveau collectif. Elle repose sur une volonté sincère et commune d’y parvenir. Les Instances Représentatives du Personnel (IRP), la direction, les responsables et les employés doivent tendre solidairement vers ce même but. Ils y ont tous intérêt car le stress n’épargne personne : toutes les positions hiérarchiques peuvent s’en trouver affectées.
 

L’étude Empreinte Humaine peut servir de base pour l’identification des sources profondes de stress dans l’entreprise. À charge des responsables RH et des managers d’équipe de s'en servir pour lancer un débat constructif avec les salariés. Ce premier diagnostic établi, il s’agira de trouver des solutions pertinentes et de les mettre en œuvre grâce à la bonne démarche. 

Les stratégies de prévention antistress doivent s’attaquer en profondeur aux sources de stress identifiées pour pouvoir les gérer : 

Pas assez de temps pour mener à bien les tâches 

Dans le cas où le salarié est mis sous pression parce que le délai imparti pour une mission n’est jamais suffisant et qu'il en résulte une surcharge de travail importante, il faut analyser l’organisation collective existante pour mieux la gérer et la corriger le cas échéant. Existe-t-il des causes collectives de ralentissement ou des obstacles matériels à lever ? Une partie de la tâche concernée peut-elle être automatisée ? 

Outils de travail inadaptés 

En réunion de CSE (Comité Social et Economique), il faut associer les IRP et la médecine du travail à l’optimisation des équipements de travail inadaptés. Les élus du CSE doivent faire le lien entre les doléances des salariés et la direction. Les priorités sont définies, les budgets calculés, les devis de fournisseurs comparés, le nouveau matériel testé avant achat global. 

Productivité versus qualité du travail 

Les perfectionnistes souffrent beaucoup quand on leur demande de faire primer la productivité sur la qualité du travail fourni. Au surmenage vient s’ajouter l’insatisfaction. Les solutions ne peuvent passer que par un recentrage autour d’objectifs éthiques et l’embauche de personnel supplémentaire sur les postes clés. 

Défaut de retours sur les tâches accomplies 

Savoir exprimer sa satisfaction ou des critiques constructives demande de la diplomatie et de l’attention à l’autre. Cet aspect relationnel doit être amélioré, et les responsables formés à la communication bienveillante. De courtes réunions d’équipe périodiques, hebdomadaires par exemple, peuvent aider à la valorisation de chaque contribution, par un suivi des tâches quotidiennes réalisées et des objectifs atteints. 

Prévention des risques psychosociaux : principe de base et outils RH

Le principe fondamental pour prévenir le stress

Le respect du Code du travail devrait être la première priorité RH. Si ce principe de base se traduit dans le quotidien de l’entreprise, alors la plupart des sources de stress au travail sont éliminées. 

Le Code du travail français est très protecteur. Il combat notamment : 

• Le harcèlement moral et sexuel
• Les durées irraisonnables de travail pour les cadres
• Le non-respect des périodes de repos et des journées de récupération
• Le non-respect des horaires en entreprise : il ouvre droit à réparation systématique, sans preuve de préjudice subi
• La répartition arbitraire des congés : l’ordre de départ en congés est très réglementé, inutile de stresser pour ça ! 

Tous ces manquements à la législation sont des sources importantes de stress au travail !  

Appliquer le Code du travail à la lettre = Réduire le stress des salariés au maximum

Des questionnaires très pointus

Parmi les outils de mesure des facteurs de stress au travail et du mal-être professionnel qui peuvent être mis en place, les questionnaires suivants sont bien connus des services RH : 

• SATIN : Il porte sur le bien-être en entreprise, la satisfaction professionnelle, l’environnement de travail et le climat social. 
• LIPT (Leymann Inventory of Psychological Terror) : Il permet de mettre en évidence les comportements toxiques et illégaux, notamment le harcèlement moral. Il analyse les conséquences du harcèlement au travail sur la santé mentale des employés. 
• COPSOQ (Copenhagen Psychosocial Questionnaire) : Il permet d’identifier les causes de risques psychosociaux. 
• Siegrist : Il s’attarde sur les disproportions existant entre efforts fournis et récompenses de l’effort. Il analyse également la sécurité de l’emploi. 
• Karasek : Il s’intéresse à l’autonomie dans les tâches effectuées, la charge de travail, les contraintes de temps et les opportunités de développement des compétences. 

 Et pour aider l'employeur, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles a également mis en place un dispositif d'évaluation des risques psychosociaux.

Les mesures collectives de prévention du stress au travail

Les stratégies préventives suivantes se retrouvent dans la majorité des plans d’action. À vous de les sélectionner et de les adapter pour créer et mettre en place votre propre plan d’actions afin de réduire le niveau de stress de vos employés ! Voici plusieurs exemples pour vous guider dans votre organisation en tant qu'employeur :

• Remettre au salarié un document qui explique clairement les objectifs à atteindre pour chaque tâche
• Ne pas rajouter des objectifs en cours de réalisation de la tâche
• Veiller à répartir les tâches équitablement, en fonction des compétences de chacun
• Évaluer avec le salarié les moyens mis à sa disposition et les changer si nécessaire
• Répondre à ses souhaits d’évolution professionnelle et en faciliter l’accomplissement
• Mettre un holà immédiat et ferme aux comportements toxiques ou illégaux ; les consigner par écrit 
• Ne pas grignoter les moments de pause, et en particulier celui de la pause déjeuner
• Ne pas envoyer de courriel ou de texto professionnel en dehors des heures de travail 

Points-clés 

Actions et moyens de prévention collectifs pour réduire le stress et les sources de stress en entreprise : 

• Respect du Code du travail : la base est posée pour l'amélioration des conditions de travail !
• Automatisation des tâches répétitives
• Mutualisation des connaissances et des bonnes pratiques : inutile de répéter dix fois la même erreur !
• Respect des moments de pause : le déjeuner, c’est sacré !
• Valorisation du travail de chacun : retours et suivis ; la qualité prime sur la quantité !
• Analyse des moyens et équipements existants en CSE : sont-ils adaptés ?
• Utilisation de questionnaires RH reconnus