Gestion de l'entreprise

Circulation en centre-ville : Comment remplir les « Crit’air » avec votre camionnette ?

Depuis ce 16 janvier, l’entrée en ville des véhicules polluants est réglementée, à Paris d’abord et bientôt dans une vingtaine d’autres villes françaises. Etes-vous concerné ? MPE vous répond et vous propose trois pistes (et demi) pour continuer à travailler quand même....
#Vignette Crit'Air
21 février 2017

Depuis ce 16 janvier, l’entrée en ville des véhicules polluants est réglementée, à Paris d’abord et bientôt dans une vingtaine d’autres villes françaises. Etes-vous concerné ? MPE vous répond et vous propose trois pistes (et demi) pour continuer à travailler quand même....

L’affichage du certificat Qualité de l’Air (la fameuse pastille Crit’Air) est obligatoire depuis ce mois de janvier dans trois villes françaises : Paris, Lyon et Grenoble. Une vingtaine d’autres grandes villes hexagonales ont prévu de rendre la vignette obligatoire au cours de l’année 2017.

Le certificat concerne les voitures, les utilitaires et les camions, mais aussi d’autres véhicules comme les deux-roues, les scooters à trois roues, les quads ou encore les cars et autobus. En plus d’une classe spécifique pour les véhicules électriques et à hydrogène, cinq autres catégories destinées aux véhicules les plus propres ont été établies pour cette éco-pastille, en fonction de leur « norme Euro » (date de première immatriculation) et de leur motorisation. Les véhicules les plus anciens, soit 9 % du parc automobile selon le ministère, n’ont pas droit à la vignette, et seront sans doute les premiers à se voir interdire l’accès des centres-villes. C’est déjà le cas dans Paris, depuis le 1er juillet dernier, pour les véhicules mis en circulation avant 1997 (sauf week-end et de 20h à 8h toutes les nuits en semaine).

Un casse-tête pour les chantiers et les livraisons

Pour les entreprises obligées de se rendre en centre-ville pour effectuer des livraisons, livrer du matériel de chantier ou encore assurer un rendez-vous client, la pastille risque d’être dure à avaler. Passons sur la récupération du certificat, via le site du Ministère de l’Environnement, pour la modique somme de 4,18 euros (A condition que votre flotte ne dépasse pas 50 véhicules). Il faut juste espérer que les embouteillages du site, les premiers jours, seront vite résorbés.

Le plus préoccupant reste l’usage que les maires des grandes villes vont pouvoir faire de Crit’Air. En effet, l’objectif du certificat de qualité de l’air est de permettre aux autorités de reconnaître les véhicules jugés propres et d’en gérer le trafic. Et les maires ou présidents d’intercommunalité ont le droit désormais, selon l’article L. 2213-4-1 du Code général des collectivités territoriales, de mettre en place de manière permanente ou temporaire des ZCR (Zones à Circulation Restreinte), à l’instar de déjà 230 autres agglomérations en Europe.

Trois solutions... et demi

Impossible donc d’ignorer cette nouvelle réglementation et il va falloir s’y adapter. Première étape : la récupération de la vignette – à faire de toute urgence -, surtout si votre véhicule entre dans les catégories 1 à 3 voire 4. Car les premières mesures de restriction, à la place des circulations alternées que nous avons connues jusqu’à présent, devraient concerner les véhicules porteurs de certificats numérotés 5 ou 6.

Une demi-mesure, l’attentisme : Les autorités ont annoncé un délai de deux mois avant de commencer à verbaliser les contrevenants. Vous pouvez bien entendu jouer la montre mais ce répit sera vraiment de courte durée. Et la suite s’annonce douloureuse : une amende de troisième classe (68 euros) est prévue pour le défaut de vignette ou le port d’une vignette inadaptée par un véhicule (135 euros pour les camions et autocars).

Solution 1 : refuser de travailler en centre-ville, au moins momentanément

Pour les artisans et les livreurs, la circulation et le stationnement sont de plus en plus compliqués dans les hyper-centres urbains, même sans l’instauration de ZCR. Dans la mesure où de nombreux édiles proclament leur intention d’en bannir les voitures, pourquoi ne pas dès maintenant adapter votre plan de charge, en refusant les missions en centre-ville. La mesure peut sembler risquée mais il y a des précédents. Lorsque la ville de Montpellier a décrété son centre ville piétonnier, au début des années 2000, tous les artisans ont refusé les chantiers qu’on leur y proposait. Puis, avec le temps, ils ont pu revenir en ville, et facturer les temps de transport à des clients devenus très demandeurs de leurs prestations.

Solution 2 : mettre vos véhicules au vert

Si votre activité vous oblige à vous déplacer en centre ville, nul doute que vous devrez, dans un délai qui se raccourcit de jour en jour, passer à des motorisations plus propres pour votre flotte de VP, de fourgonnettes ou de camions. Electriques ou hybrides rechargeables, les solutions de manquent pas, y compris en location longue durée, pour franchir le pas. D’autant que les incitations fiscales, pour cette année encore, permettent d’atténuer presque totalement le surcoût de ces modèles. Dernière bonne nouvelle, les fabricants d’utilitaires (Nissan, Renault, etc) semblent décider à rattraper leur retard.

Solution 3 : Repenser votre plan d’activités

Si se déplacer devient difficile... il faut moins vous déplacer. Pour cela, il est nécessaire de réorganiser votre planning de façon à limiter le nombre de trajets. Les professionnels de la livraison pratiquent cette science depuis longtemps et comptent d’ailleurs beaucoup sur les nouveaux boitiers embarqués dans les véhicules pour guider encore plus finement leurs chauffeurs. Pour les artisans, une première étape consistera plus simplement à ne pas engager plusieurs chantiers en même temps, qui nécessiteraient les mêmes outils et donc des transferts compliqués. L’idée est de concentrer leurs forces sur un client (et un lieu) à la fois, d’amener et de remballer les « roulantes » une seule fois également. Vous pourriez même découvrir au passage de surprenants gains de productivité, en traquant ainsi la « dispersion » de vos chantiers.

Finalement, et quel que soit notre sentiment au sujet de ces certificats de qualité de l’air, force est de nous retrousser les manches et d’aborder de front la question de nos déplacements en centre-ville. Et qui sait si nous n’aurons pas, tout compte fait, matière à nous réjouir de cette nouvelle organisation de notre travail ...

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