Damien Joguet est directeur Industrie et Distribution d'Octo Technology. Il nous explique les moyens mis en œuvre pour garder le lien avec les consultants qui travaillent en permanence chez les clients.
Manager Attitude : Quelle est la part de votre effectif qui travaille essentiellement en clientèle ?
Damien Joguet : Octo Technology est un cabinet de conseil en informatique. La moitié des 210 salariés qui travaillent chez nous sont des consultants. Ils passent donc la majeure partie de leur temps chez des clients. Les missions durent de quelques jours jusqu'à plusieurs années, leur durée moyenne étant de trois mois.
M.A. : Quels problèmes particuliers la distance pose t-elle à un manager ?
D.J. : Le principal souci, c'est de maintenir les liens avec des personnes qui sont physiquement très peu présentes dans nos locaux. Autre difficulté, il faut leur faire partager la culture de l'entreprise et les fidéliser. Nous sommes donc très attentifs aux nouveaux entrants. Nous tenons à ce qu'ils fassent leurs armes au siège ou au sein d'équipes qui ont une bonne ancienneté.
Derrière tout cela, se pose en effet la question du turn-over. Chez nous, il atteint 18 %, ce qui le situe plutôt dans la moyenne basse de notre profession. Je rappelle que Octo Technology a été primé trois fois de suite au palmarès « Great Place to work » du Figaro des entreprises moins de 500 salariés. Un palmarès qui, comme son nom l’indique, récompense les lieux où il fait bon travailler.
M.A. : Comment parvenez-vous à maintenir le lien malgré cet éloignement ?
D.J. : Pour commencer, nous envoyons en général des équipes en clientèle, et non des individus isolés. Ces équipes constituent des mini-entités Octo Technology. Ensuite, le lien est maintenu entre le manager et l'équipe au travers d'un entretien téléphonique d'une demi-heure chaque semaine. C'est l'occasion de faire le point sur le déroulement du projet, d'échanger des infos, de fixer de nouveaux objectifs, et tout simplement de maintenir une relation vivante. Ce que nous appelons chez nous le “one on one”.
Nous organisons également des événements qui rassemblent les salariés. Régulièrement, nous les invitons à échanger leurs expériences en fonction de leur centres d'intérêts professionnels. Depuis le début de l'année, parce que nous sentions un certain recul du sentiment d'appartenance, nous avons lancé des “tribus” : elles réunissent une dizaine de personnes chacune, chargées de réfléchir à un sujet précis. Et de façon plus informelle, il arrive que nous nous retrouvions autour d'un déjeuner de travail le midi.
Enfin, les mailing lists sont largement développées. Certaines concernent l'ensemble des salariés, d'autres portent sur des questions techniques ou sur un sujet qui n'a rien à voir avec l'activité de l'entreprise. Je pense notamment à la mailing list “Chambre noire” qui réunit tous les passionnés de photo…
M.A. : Comment gérez-vous les carrières de ces salariés éloignés ?
D.J. : Nous essayons d'alterner les missions lointaines et difficiles avec des projets plus proches de l'entreprise et plus courts, sauf si le collaborateur souhaite rester “expatrié”.
Par ailleurs, nous restons très à l'écoute de chaque consultant. Dès que nous sentons qu'il ne sent pas à l'aise ou qu'il rencontre des difficultés, nous essayons de lui trouver une autre mission.