Le management des collaborateurs distants fait partie du quotidien de SAS, un éditeur de solutions analytiques destinées aux entreprises. Quels sont les enjeux et les bonnes pratiques pour renforcer le lien social et conserver le sentiment d’appartenance ? Nous l’avons demandé à Miguel Labourg, Directrice des Relations Humaines France depuis 2010.
Manager Attitude : Miguel Labourg, pouvez-vous nous présenter SAS en quelques mots ?
SAS est né en 1976, compte 13,769 employés dans le monde, et des clients dans 139 pays. Nous investissons 25% de notre chiffre d’affaire en R&D.
SAS est spécialiste de l’analytique et du Big Data. Des domaines particulièrement d’actualité où les profils, notamment de data scientists, sont très recherchés. Nos collaborateurs suivent un parcours d’intégration technique poussé. Il leur faut environ six mois pour être à 100% opérationnels. Après leur recrutement, nos commerciaux passent quant à eux quinze jours de formation aux Etats-Unis.
Autant dire que tous sont régulièrement sollicités, y compris par les filiales de SAS d'autres pays. Dans ces conditions, on comprend l’importance du sentiment d’appartenance à l’entreprise…
Quelle est la part de vos collaborateurs distants – ceux qui effectuent des missions durables en clientèle, notamment ?
La population à proprement parler « distante » représente un tiers de nos effectifs, soit une centaine de personnes sur 300 collaborateurs. On y compte les commerciaux, nomades par nature, mais aussi les avant-vente et les consultants.
Quelles sont selon vous les principales difficultés rencontrées par ces travailleurs distants ?
Bien sûr ils disposent d’un intranet pour gérer par exemple leurs congés, ils reçoivent deux fois par mois une newsletter interne mêlant information business et corporate, naissances, mariages, recrutements… Ils ont des points téléphoniques réguliers avec leur encadrement. Mais ça n’est pas suffisant.
La difficulté, c’est d’abord le manque de contact humain. Naturellement, on peut dialoguer au téléphone, mais les échanges sont plus productifs en face à face. Ils sont aussi plus informels, et permettent plus facilement de mettre de l’huile dans les rouages. On a affaire à des êtres humains qui ne sont pas seulement des professionnels. Et ils n’ont pas seulement besoin de contact avec leur manager, mais aussi de voir et d’échanger avec leurs collègues, de partager avec eux des anecdotes et des bonnes pratiques.
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, ce n’est pas une politique RH !
Autre point : le manager aura facilement tendance à concentrer son attention là où il y a des difficultés. Et courra ainsi le risque de négliger ceux pour lesquels tout se passe bien, dont on entend jamais parler. Il faut rester extrêmement vigilant à n’oublier personne au bord de la route. « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles », ce n’est pas une politique RH !
Enfin, il ne doit pas négliger le fait qu’un collaborateur distant ne profite pas de la qualité des installations, du confort et des avantages (environnement, crèche, restaurant d’entreprise…) de nos bureaux du domaine de Grégy… Il faut pourtant qu’il puisse en partager la fierté avec les sédentaires !
Quelles sont vos conseils pour gérer des travailleurs distants ?
Il faut rester au contact avec tout le monde, y compris ceux pour qui tout se passe bien. Appeler régulièrement, pour échanger, sans oublier les sujets personnels. Et créer des événements, professionnels et festifs, pour se voir et partager.
Pour leur permettre une respiration, une place pour s’exprimer, nous organisons tous les deux mois des rencontres d’équipe, à notre siège, largement anticipées afin qu’elles trouvent leur place dans les emplois du temps. Ainsi, au cours d’une journée ou d’une demi-journée, ils peuvent rencontrer leurs contacts internes, et déjeuner en commun. C’est l’occasion de parler des dossiers, des clients, de se voir, et éventuellement de se valoriser.
Chaque année, nous organisons aussi une Journée de Partage entre les équipes techniques et les avant-vente. La matinée est consacrée à des ateliers d’échanges, et l’après-midi à des activités diverses – découverte et pratique du golf, par exemple. Il y a une vraie attente pour cette journée – au cours de laquelle les nouveaux arrivés peuvent rencontrer les équipes plus expérimentées.
Le Family Day est particulièrement apprécié par les collaborateurs éloignés
Parmi les autres initiatives très appréciées : le Family Day, journée porte ouverte à la famille des salariés, qui a connu sa troisième édition en 2014. Les collaborateurs distants y participent massivement. Sans oublier le barbecue de juillet dans le parc, ou la fête de fin d’année.