Des millions de personnes souffrent ou ont souffert du stress au travail. Parmi elles, la journaliste Danièle Laufer s’est un jour retrouvée aux soins intensifs de cardiologie, victime d’une attaque nommée Tako Tsubo – le syndrome du cœur brisé. Elle partage son expérience dans un livre.
Tako Tsubo signifie littéralement « piège à poulpes » en japonais. Dans cette pathologie spectaculaire, identifiée dans les années 90, le ventricule gauche se dilate puis reprend sa forme au bout de quelques heures. Cette phase de décompensation physique est aussi impromptue que violente. Pour les spécialistes, le doute n’est pas permis : c’est le stress qui en constitue le déclencheur.
Ses sources sont nombreuses. Petites violences de la vie de bureau, agressivité de certains modes de management, absence de reconnaissance, perte de sens, manque de soutien face à des missions ressenties comme impossibles, conflits de valeurs, conditions de travail inadaptées, ou absurdité des procédures, autant de difficultés susceptibles d’user un manager jour après jour. D’autant qu’elles sont difficiles à partager, tant avec ses subordonnés qu’avec ses supérieurs.
« Le chagrin qui ne parle pas murmure en secret au cœur surchargé de se rompre », dit Malcolm dans le Macbeth de William Shakespeare. C’est ce qui risque d’arriver à ces middle managers qui, comme l’auteure, se trouvent ainsi pris entre le marteau et l’enclume, et dont le corps demande brutalement grâce.
Dans un livre qui associe scènes vues ou vécues et enquête auprès de médecins et de spécialistes du monde du travail, Danièle Laufer remonte le fil d’un malaise qui peut très mal finir.
Le Tako Tsubo. Un chagrin de travail. Editions Les Liens qui libèrent, 160 pages, 15 €