La Grande Ecole du Numérique (GEN), lancé en 2015 par François Hollande, affiche une double ambition : répondre aux besoins croissants des entreprises en matière de compétences numériques tout en favorisant l’accès à l’emploi des personnes en marge. Clare Hart (CH), présidente de FACE Hérault, à l’origine de la création de Up To, l’une des premières écoles labellisées GEN, fait le point sur cette initiative et ses retombées pour les TPE et PME.
Qu’est-ce qui a motivé la création de Up To dans l’Hérault ?
CH : La filière numérique dans l’Hérault connait une croissance plus forte que dans le reste du pays, avec des start-up de plus en plus nombreuses. Pourtant portées par un écosystème dynamique (réseaux comme FrenchTech, SouthTech, etc.), elles peinent à embaucher localement.
Par ailleurs, le département affiche un taux de chômage de 12%, supérieur à la moyenne nationale : des chômeurs qui ne cherchent qu’à travailler mais n’ont pas les bonnes compétences. Pour résoudre ce paradoxe, la société Dell et FACE Hérault ont imaginé de créer Up To, une école du numérique gratuite, à destination de ces chômeurs, et en s’inspirant des besoins de ces entreprises.
Quels sont les résultats d’Up To et qu’apporte cette école aux TPE et PME de l’Hérault ?
CH : Premier résultat : l’obtention du fameux label GEN qui nous offre une visibilité nationale au sein d’un catalogue de plus de 400 formations. Par ailleurs, nous avons déjà formé 3 promotions, soit une soixantaine de personnes. Plus de 70% ont trouvé un emploi, comblant ainsi des manques en compétences.
Mais ce ne sont pas seulement les TPE et PME du numérique qui peuvent être bénéficiaires de l’expertise de nos stagiaires. Sont également concernées toutes celles qui veulent ouvrir des sites internet, de vente en ligne ou de promotion, et qui, face à une sous-traitance chère dans ce domaine, pourraient gagner à embaucher.
Quelles contraintes et quels bénéfices d’une telle embauche pour les TPE et PME ?
CH : Il n’y a que des bénéfices ! D’abord, cela leur permet d’accéder à des compétences qui ne sortent pas des universités, dont les diplômés, on le sait, préfèrent s’orienter vers les grandes entreprises.
Ensuite, comme le label GEN qualifie des démarches basées sur l’insertion, l’embauche de nos diplômés permet de cocher une case dans la démarche RSE de l’entreprise recruteuse. Cette possibilité de démontrer un engagement RSE concret constitue un atout pour les TPE et les PME dans le cadre de nombreux appels d’offres.
Enfin, le réseau GEN est national : où que se trouvent ses locaux, la TPE ou la PME peut trouver des compétences dans le numérique à proximité.
Cette initiative pourrait-elle être reproduite pour d’autres compétences que le numérique ?
CH : Bien sûr et c’est ce que nous essayons de promouvoir. Dès lors que plusieurs entreprises d’un même secteur, même de petites tailles, déplorent un manque de candidats pour une expertise métier rare, elles peuvent se rapprocher du siège de FACE ou d’une antenne de proximité. Nous pourrons les aider à mettre en place une formation spécifique, en échange bien sûr d’engagements forts de leur part : bien expliciter le besoin, participer au financement (peut-être en trouvant de grands partenaires), proposer des stages pour les personnes formées (une façon de les tester aussi) et, évidemment, embaucher.
L’école pour l’insertion, mode d’emploi
Claire Hart explique en 5 points la démarche qui a prévalu pour créer l’école Up-To :
- Mettre en place des formations est inscrit dans l’ADN de notre Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE - http://www.fondationface.org/): nous apportons donc ce savoir-faire.
- Le contenu de la formation, très pratique, est né de l’analyse des besoins, en codage essentiellement.
- Pour les enseignants, nous avons fait appel à l’entreprise sociale et solidaire Simplon, spécialiste de l’inclusion numérique.
- Et pour le financement (rémunération des enseignants, moyens matériels, locaux) ce sont les entreprises demandeuses qui investissent ou qui prêtent. Dans notre cas : Dell, Cap Gemini, l’écosystème numérique héraultais.
- Les stagiaires quant à eux, une vingtaine par promotion de 9 mois, gardent leurs aides sociales ou bénéficient d’une bourse GEN.
« Le résultat est limpide : Entre l’idée et le lancement d’Up To, quelques mois auront suffi ».