Convaincu par les vertus du sport pour la santé et la motivation au travail, le maire de Poissy, Karl Olive, innove et propose à ses collaborateurs deux heures de sport par semaine, au travers du programme Poissy Bien-Être. La participation est au rendez-vous, et pour mesurer son effet contre l’absentéisme, les responsables ont prévu trois ans d’expérimentation.
Karl Olive, le maire (LR) de Poissy, dans les Yvelines, avait le profil pour innover en matière de sport dans sa commune. Issu d’une famille de sportifs, il assume sa passion pour le football au point de vouloir devenir joueur professionnel. Finalement, c’est dans le journalisme sportif qu’il fera la première partie de sa carrière. Il devient ensuite Directeur des sports de Canal Plus (avec Michel Denisot), puis de I-Télé, avant de se lancer en politique. Son élection à Poissy en 2014 ne l’éloigne pas pour autant de ses activités favorites. « Je nage, je cours, je fais du vélo en salle plusieurs fois par semaine » confesse-t-il.
Naissance d’une idée
« Quelques mois après mon élection, un habitant croisé en forêt m’a suggéré d’organiser une rencontre plus régulière avec mes administrés, sous forme de … course à pied. J’ai beaucoup aimé l’idée. Nous avons mis en place un rendez-vous hebdomadaire d’une heure le samedi matin. Cela s’appelle la Cavalcade, y vient qui veut, et nous sommes parfois une centaine ».
Un lien inattendu va s’y créer entre les collaborateurs de mairie : « L’été dernier, des agents qui couraient avec nous sont venus me voir pour me dire : Karl, ce serait bien de pouvoir faire du sport pendant la journée, comme quand tu étais à Canal ! En effet, Michel Denisot, si le travail était terminé, nous laissait volontiers aller nager, courir, ou jouer au squash, pendant les heures de bureau ».
Le sport comme réponse à l’absentéisme ?
Convaincu des bienfaits du sport sur la qualité de vie au travail, Karl Olive ne demande qu’à vérifier son credo « mens sana in corpore sano ». Prudent, il consulte cependant avant de se lancer : « J’en ai parlé autour de moi. Certains m’ont dit : ça va être fabuleux pour les agents, mais tu vas te faire taper dessus par tes administrés ». Pour autant, voilà bientôt trois ans qu’il demande beaucoup au personnel, sur fond de baisse des dotations de l’Etat et de réduction des effectifs (passés de 1041 collaborateurs à 887 aujourd’hui). « Nous nous sommes alignés sur les préconisations de la Cour des Comptes concernant les finances des collectivités locales ». Aujourd’hui, l’absentéisme pèse pour 1,5 million d’euros sur les 37 millions de masse salariale. Le maire, préoccupé, lance un plan spécifique pour le combattre, baptisé plan d’amélioration des conditions de travail, avec plusieurs volets :
- L’embauche d’un spécialiste des risques psycho-sociaux,
- La mise en place d’entretiens de reprise d’activité après des absences longue durée,
- La création d’un observatoire de l’absentéisme en lien avec les partenaires sociaux,
- L’expérimentation du télétravail.
Il voit dans le sport un moyen abordable pour restaurer la motivation de ses agents. Le programme Poissy Bien-être vient compléter le plan, en incluant 2 heures de sport par semaine. La DRH pilote le projet, en liaison avec la direction des sports. La médecine du travail est également consultée. À partir de la mi-janvier 2017, la démarche se met en place.
Une démarche accueillie à bras ouverts
« La nouveauté, c’est de faire du sport pendant les horaires de travail : deux heures par semaine, temps de trajet inclus », insiste Karl Olive. Le principe ? Six sports sont proposés (natation, aquagym, aqua-jogging, marche, marche nordique, gymnastique d’entretien), au long de cycles de 10 séances. La relaxation sera proposée ultérieurement.
Le succès est rapide : 200 personnes s’inscrivent à la première session (sur 450 places disponibles), dont un nombre important de femmes, ce qui réjouit le maire, conscient que cette catégorie de la population manque de temps pour pratiquer une activité sportive régulière.
Une enquête de satisfaction menée par la DRH a déjà donné des résultats très positifs :
- une note globale de 4,8 sur 5 pour le programme ;
- 55% des collaborateurs ressentent du plaisir à pratiquer du sport en groupe ;
- 36% qui constatent une amélioration de leur condition physique ;
- 34% se sentent plus dynamiques ;
- 18% ont vu baisser leur stress au travail ;
- 15% notent une amélioration du climat social.
« Je ne peux pas vous dire, au bout de trois mois, si l’absentéisme va baisser, et si oui, de combien, conclut Karl Olive. Nous avons prévu de faire durer l’expérience trois ans, avant de valider la démarche. Nous sommes dans l’innovation et il ne faut pas avoir honte de tâtonner. Mais d’ores et déjà, quand j’en parle avec les gens, je sens que c’est gagné ».