Edenred France : Aujourd’hui, recevoir un salaire correct ne suffit plus pour être satisfait de son travail ?
G.C.B : D’une certaine manière le salaire n’a jamais suffi. Nous abordons la question dans notre ouvrage : est-ce à l’entreprise de donner du sens ou est-ce au salarié de s’interroger sur le sens de son travail ? Les deux dynamiques se complètent, il ne faut pas que les salariés soient totalement en attente de l’entreprise. Chaque salarié à son niveau peut être acteur, solliciter ses managers ou ses RH en parlant de ses engagements et en faisant des propositions d’actions. Chaque collaborateur, qui est aussi un citoyen, peut se responsabiliser quel que soit son niveau hiérarchique et son métier.
EF : Tu conseilles notamment aux RH de sonder les collaborateurs et leurs attentes avant de mettre en place un dispositif d’expérience collaborateur. Pourquoi ?
G.C.B : Trop souvent, les entreprises choisissent un outil avant de se demander à quel besoin il répond. Je donne dans notre objet éditorial l’exemple du fameux babyfoot. Pour être efficace, il doit répondre à une problématique formulée par les salariés. Il faut donc les interroger sur ce qu’ils apprécient ou voudraient voir évoluer. Il est aussi du rôle des managers de libérer la parole des collaborateurs. Les seuls à pouvoir juger de la performance d’un manager sont les membres de son équipe. Le management ne doit plus être descendant, mais remontant, des salariés vers leurs managers et leurs équipes RH.
EF : Offrir des Ticket Restaurant et des chèques cadeaux à ses collaborateurs, est-ce déjà améliorer l’expérience collaborateur ?
G.C.B : La question est orientée . Mais oui bien sûr, en particulier dans le contexte actuel de baisse du pouvoir d’achat. Il n’y a rien de plus angoissant que d’avoir des problèmes d’argent, dans notre société. Accompagner les salariés pour maintenir leur pouvoir d’achat, c’est aussi agir pour leur bien-être psychologique, pour réduire leur niveau de stress. Un salarié qui n’est pas préoccupé par des problèmes financiers est forcément plus concentré et plus performant dans son travail. Donc oui, des solutions comme Ticket Restaurant y contribuent.
EF : Tu as interviewé de nombreux experts sur le concept d’entreprise à la carte, mais quelles sont tes convictions ? Pour toi, fantasme ou réalité ?
G.C.B : Aujourd’hui c’est un fantasme, mais les entreprises ne réalisent pas à quel point l’entreprise à la carte va devenir une réalité. De façon radicale à mon sens. Beaucoup de DRH et de dirigeants ne croient pas à la disparition du CDI. Pourtant, je parlais récemment encore à des jeunes diplômés et le CDI n’est clairement plus un objectif pour eux. Ils veulent se sentir libres de pouvoir partir quand ils veulent. Si cette tendance se poursuit, et il n’y a pas de raison qu’elle s’arrête, l’entreprise à la carte qui est un fantasme aujourd’hui sera une réalité demain, au-delà ce ce que l’on peut imaginer. La flexibilité est l’attente principale des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail.
EF : Que penses-tu du 100% distanciel ?
G.C.B : Le télétravail à 100% est à mon avis aussi catastrophique que le total présentiel. Pour autant, je suis totalement opposé à un nombre de jours de télétravail imposé via un accord d’entreprise. Un salarié peut avoir besoin d’être en télétravail pendant un mois pour gérer un problème personnel, et souhaiter revenir ensuite en total présentiel.
Devoir être présent dans l’entreprise pour faire un travail possible de chez soi me semble consternant, si le collaborateur n’en ressent pas le besoin, alors qu’il peut éviter du temps de transport et de la fatigue. On peut maintenir le lien sans imposer de nombre de jours de présence. La bonne question à se poser, c’est comment et avec quels outils maximiser les possibilités de créer du lien lorsque les collaborateurs sont présents dans l’entreprise.
EF : un autre point que tu souhaites aborder ?
G.C.B : Je recommande à tous les lecteurs et auditeurs de « L’entreprise à la carte » de lire l’étude Empreinte Humaine sur le bien-être au travail, dont Thomas Chardin parle dans son interview. Cette étude sur l’expérience collaborateur tombait à point nommé par rapport à notre problématique.
EF : A bientôt Gaël ?
G.C.B : Refaisons la même interview dans 5 ans, je suis persuadé que des changements radicaux se seront produits dans les entreprises. Donc « L’entreprise à la carte, fantasme ou réalité ? » Ma réponse c’est celle-ci : fantasme aujourd’hui, au-delà du réel demain !
« L’entreprise à la carte, fantasme ou réalité ? », est disponible ici en téléchargement !
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