Le temps partagé, dans ses trois versions – multi-salariat, portage salarial, ou au service de groupements d’employeurs – continue de se développer et de se diversifier en France. Le point, les avantages et les exigences.
La naissance du "temps partagé" date des années 1980 et a eu lieu dans le secteur agricole, selon la FNATPP (Fédération nationale des associations de temps partagé), qui promeut la démarche auprès des salariés comme des entreprises, PME et TPE en tête. Selon la même source, le temps partagé représente moins de 10% de l’emploi en France, contre 30 à 35% dans les pays du Nord de l’Europe
L’âge moyen du collaborateur en temps partagé est passé en une décennie, de 54 à 45 ans
Toutes les professions sont aujourd'hui concernées. Chez les cadres, la pratique est particulièrement répandue parmi les informaticiens, les RH ou la direction financière.
Des avantages bien médiatisés
Les sites spécialisés regorgent de témoignages d’employeurs comme de collaborateurs affichant leur satisfaction face à leur nouvelle situation :
- Les employeurs mettent en avant la possibilité d’accéder, à moindre frais, à des expertises pointues, sans alourdir inconsidérément leur masse salariale. Ils sont également très satisfaits de la productivité de ces collaborateurs (un phénomène bien connu des observateurs du temps partiel).
- Les salariés en temps partagé sont sensibles à leur nouvelle liberté d’organisation de leur temps de travail, ainsi qu’à la possibilité de sortir de la routine proposée par des carrières trop linéaires et au service d’un seul employeur. Ils apprécient également de prendre leur employabilité en mains, sur un marché du travail où la passivité est mauvaise conseillère.
... qui exigent de l'organisation de part et d'autre
Les employeurs soulignent que le recours à un cadre en temps partagé demande une organisation interne sans faille, et des relais efficaces au sein de la direction qui l’emploie, pour que les process avancent en son absence. Faute de quoi, l’opération se traduit surtout... par un ralentissement desdits process, à l’inverse de l’objectif poursuivi.
Les salariés en temps partagé regrettent essentiellement des difficultés administratives, par exemple pour bénéficier de l’assurance chômage lorsque l’un de leurs contrats de travail s’arrête, ou de l’assurance maladie notamment en cas d’accident du travail.
…pour bien profiter du temps partagé
L’entreprise, et notamment la PME, doit considérer ce recrutement et son apport sur le moyen ou le long terme – sinon, mieux vaut s’acquitter de factures auprès d’un intervenant extérieur. Elle doit adapter son organisation interne à ce fonctionnement particulier – à l’instar du fonctionnement avec des temps partiels – et en particulier, savoir bonifier les moments de présence du collaborateur dans les locaux, et ne pas le solliciter lorsqu’il travaille chez d’autres employeurs. En bref, le considérer comme un collaborateur à part entière... tout en acceptant de le partager.
De son côté, le collaborateur à temps partagé doit faire preuve d’autonomie, d’organisation et de rigueur dans la gestion de ses différents contrats. Des qualités bienvenues chez tout travailleur indépendant, mais qui ne sont pas forcément partagées par tous… !
(*) ETTP (entreprises de travail à temps partagé) créées par la loi n° 2005-882 du 2 août 2005