« Journée mondiale du rangement au bureau ». Oui, ça existe ! Si les conditions de l’officialisation de cette date en 2013 restent mystérieuses, cette journée donne l’occasion de faire passer un message à ses collaborateurs les plus désordonnés. Éclairage sur un comportement qui trahit certains traits de notre personnalité.
#jmrb2018. Tel est le hashtag à retenir pour le 21 mars 2018. Depuis quatre ans, la journée est relayée et impulsée par Bureaux à partager, premier site de partage de bureaux en France. En partenariat avec les Joyeux Recyleurs, Cheerz et Popchef, ils proposent de nouveaux défis et des cadeaux à gagner pour les entreprises et les salariés qui feront le plus gros effort de rangement de leur bureau. De quoi inciter les adeptes du capharnaüm à s’organiser.
Ranger ou ne pas ranger, telle est la question
Il semble y avoir deux écoles en matière de rangement : les partisans inconditionnels du capharnaüm... et ceux qui en ont horreur ! Dans le premier camp, on trouve par exemple Antoine de Saint-Exupéry, qui aurait affirmé qu’« un bureau bien rangé est le signe d'un esprit dérangé » ; ou Albert Einstein : « Si un bureau en désordre dénote un esprit brouillon, que dire d’un bureau vide ? » ; et tout récemment Eric Abrahamson, auteur de « Théorie de la désorganisation et comportement désorganisationnel : vers une étiologie des désordres », best-seller aux États-Unis en 2017.
Mais qu’on le veuille ou non, l'absence de rangement ne convient pas à tout le monde. Entrer dans le bureau d’un expert-comptable qui croulerait sous les feuilles volantes, où les dossiers s’empilent et les post-it se multiplient, n’aura pas pour effet de créer la confiance. En revanche, vous serez sans doute plus tolérant envers le philosophe, l’artiste, ou l’écrivain qui laisserait traîner douze tasses à café dans le sien.
Même la dernière tendance en matière de désordre conserve la mesure : le wabi-sabi, une dérive du bouddhisme zen, célèbre l’art de l’imperfection, ou « petit bordel ». « Le wabi-sabi s’inspire de la nature, du temps qui passe, de la singularité de chaque objet », souligne l’architecte d’intérieur Marion Collard.
La tendance qui dérange
Si être désordonné est aujourd’hui synonyme de créativité (« chercher ses clés pendant vingt minutes, par exemple, est un jeu de piste en soi, un amusant casse-tête en réalité », défendait au Monde Laurence Einfalt, psychologue et fondatrice de Jara, agence de coaching en organisation personnelle), il reste difficile d’en convaincre la majorité des collaborateurs. Les préjugés ont la vie dure et l’absence de rangement reste associée à plusieurs éléments négatifs tels que la désorganisation, l’immaturité, le manque de rigueur, de discipline, voire… de respect pour autrui.
A contrario, selon un sondage réalisé en 2017, 66% des travailleurs affirment avoir besoin d’un espace de travail bien organisé et bien rangé pour être efficace au travail et 58% pensent qu’ils pourraient améliorer leur organisation.
En 2018, le rangement a séduit Netflix qui mise sur Marie Kondo, l’experte japonaise en organisation de foyer et en désencombrement de « son intérieur ». L’auteure du verbatim « La vie commence après avoir fait du tri », partagera ses conseils et techniques de rangement dans une toute nouvelle émission prévue en huit épisodes. Une programmation loin d’être anodine, lorsque l’on sait que Marie Kondo fait partie des 100 personnes les plus influentes dumonde d’après le Time.