À force d’entendre parler de bienveillance, de bien-être, de qualité de vie au travail, de reconnaissance et d’accomplissement de soi, on finirait par oublier que pour certains collaborateurs, l’important n’est pas là. Vous avez dit polémique ?
Les enquêtes se sont multipliées ces dernières années autour de la notion de bonheur au travail. Elles montrent toutes que ce bien-être, parfois diffus, prime sur d’autres dimensions, souvent plus matérielles, du travail - à commencer par le salaire. Soit. Mais en la matière, n’aurait-on pas un peu tendance à ne regarder que le verre à moitié plein ? Car si l’on reprend ces mêmes chiffres à l’envers, que constate-t-on ?
Bonheur et salaire
Une importante étude britannique menée par Wildgoose auprès des salariés de 120 entreprises révélait par exemple, en avril dernier, que 61% d'entre eux considèrent que le bonheur et le bien-être au travail sont plus importants que le salaire. Reste donc que 39% sont d’un avis contraire, soit potentiellement plus d’un de vos collègues sur trois.
D’après le Baromètre national du bonheur au travail de la Fabrique Spinoza*, 51% des salariés considèrent positif d’«avoir un ami au boulot». Très bien, mais devrait-on négliger les 49% qui ne s’en soucient guère ? Sans parler de ceux qui partagent l’avis du financier Gordon Gekko dans le film Wall Street : « Si tu veux un ami, achète un chien » ?
Quand la qualité de vie vient après
Par ailleurs, deux populations semblent plus particulièrement détachées – au moins pour un temps – de toute recherche effrénée du bonheur au travail :
- Les jeunes diplômés qui veulent construire une carrière classique : pour eux, la voie royale passe par quelques années de sacrifice - travail acharné et pression quotidienne, traditionnellement dans les grands cabinets d’audit ou les salles de marché. L’idée générale est de travailler « pour son CV » ; la qualité de vie vient bien après. Ils sont bosseurs, motivés, bien formés et leur apport est crucial.
- Les commerciaux au profil de chasseur : chez ces derniers, c’est d’abord le montant de la commission qui fait le bonheur. Dans le contexte de compétition propre à leur métier, ils sont susceptibles de préférer le contact avec les clients et les prospects, aux rencontres avec leurs propres collègues. Mais ils sont audacieux et impliqués, et ils développent le revenu de l’entreprise. Qui voudrait s’en passer ?
Comme il ne viendrait à l’idée d’aucune entreprise de se priver de profils aussi précieux, on retiendra qu’une importante minorité de nos collaborateurs persiste donc à considérer les efforts liés à la Qualité de Vie au Travail (QVT) comme secondaires. En période de croissance et après des années de modération salariale, l’importance accordée à la rémunération et aux avantages aux salariés ne devrait pas reculer, bien au contraire.
Les 12 déterminants du bonheur au travail par la Fabrique Spinoza La Fabrique Spinoza a voulu fixer un cadre d’analyse global du bien-être au travail. Elle a listé et détaillé ses douze déterminants :
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*ThinkTank visant à placer le #bonheur au cœur de la société, en tant qu'objet scientifique, philosophique, démocratique, traversant et à impact