Les chefs d’entreprise français se jugent en bonne santé : c’est l’un des enseignements de l’enquête OpinionWay/MMA. Mais le moral n’arrive pas forcément à la hauteur de cette « forme » autoproclamée.
Pour la seconde année, le groupe d’assurance mutualiste MMA a confié à OpinionWay une étude (*) consacrée à la santé des chefs d’entreprises, telle que ces derniers la perçoivent.
Les chefs d’entreprise se jugent en bonne santé
76% des dirigeants interrogés jugent leur état de santé très bon ou bon. Les agriculteurs sont cependant en retrait (65 %) – parmi eux, un sur cinq juge son état de santé inférieur à la moyenne des Français.
Au cours des 12 derniers mois, seuls 11 % des dirigeants interrogés ont été arrêtés par leur médecin. Mais pour 37 % d’entre eux, cette absence a eu un impact sur leur entreprise, là encore surtout chez les agriculteurs, mais aussi pour les artisans et les commerçants.
Ils revendiquent de bonnes pratiques
Pour garder la forme, les dirigeants prêtent attention à leur hygiène de vie. Pour ce faire, 86 % disent privilégier une alimentation saine et variée. 85% expliquent passer du temps en famille pour garder la forme. Moins de la moitié sont fumeurs, et une écrasante majorité (94 %) déclare n’utiliser ni stimulant ni relaxant au quotidien.
Stress, anxiété, troubles du sommeil en hausse
La crise économique est mauvaise pour la santé : plus de 25% des dirigeants constatent que leur santé s’est dégradée au cours des 5 dernières années. Ils imputent ce recul au stress lié au travail (selon 55 % d’entre eux contre 38 % en 2015).
Car le psychisme n’est pas toujours à la hauteur : plus de la moitié (58%) des chefs d’entreprise subissent des journées stressantes (62% pour les dirigeants de PME). Plus d’un sur deux (55%) admet avoir traversé des épisodes de baisse de moral, ou avoir éprouvé de l’anxiété (52%) au cours des 12 derniers mois. 47 % reconnaissent souffrir de troubles de sommeil, soit 7 points de plus que l’année passée. Ils sont également plus nombreux à éprouver un sentiment d’isolement (29 % contre 24 % en 2015).
La santé de son dirigeant, premier actif immatériel de l’entreprise ?
L’enquête montre que 66 % des dirigeants de petite entreprise estiment que leur état de santé est lié à celui de leur entreprise. Un constat traduit à sa manière par Olivier Torres – président de l’observatoire Amarok : « Le capital santé des dirigeants est le premier actif immatériel de l’entreprise ».
Ce professeur à Montpellier Business School et à l’Université de cette même ville explique que « la souffrance patronale est une réalité méconnue et pourtant réelle », pour deux raisons principales :
- « Les spécialistes de la souffrance au travail considèrent que la souffrance résulte d'un état de domination. Le patron étant le dominant, il ne peut pas souffrir. »
- « Les dirigeants de PME sont, quant à eux, prisonniers de l'idéologie du leadership qui ne cesse de donner du dirigeant une image narcissique de lui-même. Le dirigeant est un leader, un winner, un gagnant, un battant… il ne peut donc pas souffrir. »
Dans un entretien accordé au magazine Carnets du Business, Olivier Torres ajoute : « la première chose que demandent les banques à un artisan ou à un commerçant qui sollicite leurs services, c’est souvent de remplir un questionnaire de santé et de faire un check up ». Et conclut : « il est temps que les entrepreneurs comprennent et intègrent ce lien incontestable qui existe entre leur santé et leur entreprise ».
(*) Etude réalisée par l’institut OpinionWay pour MMA auprès d’un échantillon de 1284 dirigeants d’entreprises, représentatif des entreprises françaises de moins de 50 salariés. L’échantillon a été interrogé par téléphone du 16 mars au 21 avril 2016.