Peut-on faire jaillir des idées neuves à partir d’histoires anciennes? Absolument, revendique Anne Vermès qui dirige et anime Traits d’Unions, la société de formation et de coaching qu’elle a fondée en 2003. A base de personnages historiques, mais aussi à partir de l’observation du vivant, elle organise des cycles de réflexion, de formation et de coaching pour des cadres de tous horizons. Son objectif : faire (re)naître l’inspiration. Sa méthode : une logique comportementaliste fondée sur l’analogie.
L’analogie au service de l’inspiration
Chaque jour, dans toutes les organisations, des managers se retrouvent face à de nouveaux problèmes à résoudre. Et, parfois aussi, confrontés à de vieilles questions auxquelles ils n’ont pas réussi à trouver de réponses. Comment penser autrement ? Où trouver de nouvelles idées ? Et comment les partager, tant avec sa hiérarchie qu’avec ses propres troupes ?
Pour Anne Vermès, « l’analogie est un puissant moteur d’inspiration. Elle permet de sortir de sa propre bibliothèque d’expériences, comme le fit jadis Léonard de Vinci qui tira de l’observation d’un coquillage l’idée de l’escalier hélicoïdal du château de Chambord. Ainsi que l’ont établi les neurosciences, l’analogie permet de créer des perturbations dans les deux modes mentaux, et d’accéder au cortex pré-frontal ». Autrement dit : elle fait fonctionner les zones du cerveau qui distinguent le plus les hominidés des primates.
En établissant les ressemblances et les différences entre le problème posé et un tout autre domaine, l’analogie constitue un vecteur idéal pour sortir du cadre et stimuler créativité et adaptabilité. « Nous utilisons deux grands domaines d’analogies, continue Anne Vermès : l’histoire et la biosystémie. Dans le monde du vivant, les chevaux permettent d’appréhender différemment les mécaniques du leadership. Les moutons mérinos présentent un rapport au changement tout à fait intéressant, tandis que les abeilles mettent en œuvre de remarquables principes d’intelligence collective. » Autant de pistes pour des analogies génératrices d’idées neuves.
L’histoire pour s’approprier le changement
« L’histoire est souvent le vecteur le plus concret », ajoute cependant la fondatrice de Traits d’Union. Ainsi par exemple pour le roi François Ier. Quelques années après son couronnement, le 24 février 1525, il est fait prisonnier lors de la défaite de Pavie. Blessé au visage et à la jambe, il restera près d’un an en captivité. « Il va devoir construire ce que l’on appellerait aujourd’hui une stratégie de rebond ». S’ensuivront entre autres de nouvelles alliances, la prise de possession de territoires nord-américains… et le plein essor de la Renaissance.
« Le storytelling constitue un excellent outil d’appropriation »
« L’enjeu n’est pas de transmettre une culture », précise Anne Vermès. Mais en comprenant un parcours, des comportements, on saisit mieux comment réagir face aux incertitudes, aux imprévus ou aux résistances. L’analogie avec des circonstances, des personnages historiques et leurs parcours permet aux managers de mieux accompagner le mouvement, de se positionner dans la succession d’événements et, finalement, de s’approprier le changement ». L’exemple de Jacques Cœur qui comprend (au XVème siècle…) que le succès n’est plus une question de territoires possédés, mais de situation au cœur des flux, résonne comme une uberisation avant la lettre. Face à la fatigue, à la contrainte, à la difficulté à se projeter dans l’avenir, le parcours du Grand Argentier de Charles VII constitue un encouragement à l’agilité mentale !
La démarche de Traits d’Unions
Analyse du problème, recherche de l’exemple pertinent pour déclencher les questions, la prise de conscience et l’action, puis construction du récit partagé : tel est le processus suivi par Anne Vermès pour proposer des parcours adaptés aux besoins d’entreprises comme Hermès, Crédit Mutuel Océan, Saint Gobain, CER France (réseau d’experts comptables), HSBC, Expectra, Groupe Auchan et d’autres. Les participants sont le plus souvent des cadres opérationnels, des comités de direction et des experts métier (ces derniers, par exemple, pour améliorer la transmission du savoir des artisans d’art).
L’expérience se complète généralement d’une visite sur les lieux de l’histoire, afin de « sortir du cognitif et de créer une dynamique émotionnelle ». Cathédrale de Reims, Tour Eiffel, Mont Saint Michel ou… ruchers parisiens, la visite en groupe participe à donner à l’expérience un caractère d’exception, propre à une mémorisation durable.
Anne Vermès dirige et anime Traits d’Unions, la société de formation et de coaching qu’elle a fondée en 2003. Elle est également auteur et directrice de collection aux éditions Eyrolles. Son équipe réunit des experts transdisciplinaires parmi lesquels des historiens, un ethnologue, un philosophe, un neuropsychiatre…
Pour en savoir plus : http://www.traitsdunions.fr
Pour contacter Anne Vermès : Ecrire