Les réseaux sociaux font désormais partie de nos vies. Outils de communication et de sociabilité, ils accaparent une bonne partie de notre temps et peuvent vite nous rendre dépendants. La généralisation des smartphones aidant, on peut même désormais être connecté en permanence, y compris sur son lieu de travail. Ce qui n’est pas sans inconvénient pour l’employeur, notamment en termes de productivité. Que faire pour limiter les abus ?
Depuis la naissance de Facebook, les réseaux sociaux n’ont cessé de se développer, sous toutes les formes et dans tous les domaines, tant privé que professionnel (Twitter, LinkedIn, Facebook…). La généralisation des smartphones et tablettes ont encore contribué à leur essor et à une utilisation croissante, en nous permettant d’être désormais connectés en permanence, quel que soit l’endroit où on se trouve.
Le temps des interdits
Conscientes des risques de dérives liées au web, les entreprises ont très vite voulu mettre en place des garde-fous. Il s’agissait alors avant tout de prémunir leur système informatique contre des attaques virales, en empêchant leurs employés de se connecter, via leur poste de travail, à des sites non vérifiés. Pour y parvenir, elles se sont équipées de dispositifs de filtrage de sites ou de détection de virus. Mais ces filtres visaient également à limiter les risques d’un usage abusif du web à des fins personnelles.
Il faut noter à cet égard que la CNIL autorise l’entreprise à pratiquer de tels filtrages, et que les éventuels favoris mis en place par un collaborateur sur son ordinateur professionnel ne relèvent pas d’un espace personnel ou privé, de sorte qu’ils peuvent être contrôlés par son employeur. Seuls les plus calés en informatique réussissaient à contourner les filtres – mais c’était avant la généralisation des smartphones…
Un mois par an sur les réseaux sociaux ?
L’impact de la consultation des réseaux sociaux sur la productivité constitue pourtant un réel enjeu pour les entreprises. Les collaborateurs qui se connectent à ces sites sur leur lieu de travail peuvent très vite perdre la notion du temps qu’ils y passent. Une récente étude, réalisée par Olfeo, expert de la sécurité web et du filtrage de contenus, semble le confirmer. Ce spécialiste réalise chaque année une étude sur la réalité de l'utilisation d'Internet au bureau en France. Il y présente des données chiffrées sur les conséquences de cet usage en termes de productivité.
L’enquête réalisée en 2016 a été conduite auprès d’une centaine d’entreprises de tailles variables et de divers secteurs, représentant 150 000 collaborateurs. Elle repose notamment sur l’analyse des journaux de connexion au net, via les ordinateurs de l’entreprise. Il en ressort ainsi que 58 % de l’utilisation d’Internet au bureau est personnelle, et que les collaborateurs y consacrent pas moins d’un mois par an ! L’étude note également que l’usage des réseaux sociaux à proprement parler aurait baissé de 3 % depuis 2014… et l’explique par le fait que les collaborateurs les consultent désormais via leurs smartphones. Décidément la consultation de Facebook et des autres est loin d’être anodine.
Avec les smartphones, plus de contrôle qui tienne
Pour autant, non seulement il serait vain de s’évertuer à vouloir exercer un contrôle sur les smartphones personnels des collaborateurs, mais on se heurterait de plein fouet à la Génération Y. Pour ces jeunes collaborateurs qui ont grandi avec les réseaux sociaux, les frontières entre les sphères professionnelle et privée sont moins étanches – ils nagent en plein blurring ! Ils peuvent aussi bien envoyer un mail professionnel en pleine nuit, que dialoguer sur leur page Facebook en pleine journée, assis à leur bureau. Et se disent même, pour certains, prêts à démissionner si leur employeur se mettait en tête de les en empêcher…
Alors faute de pouvoir éradiquer le problème, les entreprises se résignent à une certaine tolérance. Avec une limite toute simple : lorsque la consultation des réseaux sociaux devient telle que le travail s’en trouve affecté, l’employeur reste en droit de sanctionner, voire de licencier ce collaborateur ultra-connecté. Il est conseillé de mettre en place une charte interne précisant les contours de l’utilisation personnelle d’internet, et des réseaux sociaux en particulier – et de faire valider cette charte par les partenaires sociaux.
Des usages à apprivoiser
Contraintes de s’accommoder de ce phénomène, les entreprises peuvent aussi y voir certains avantages. Les pauses sur les réseaux sociaux pendant les heures de bureau contribueraient à détendre les collaborateurs et par conséquent à améliorer leur concentration lorsqu’ils reprennent leur activité professionnelle. Certains mettent en outre à profit les réseaux sociaux pour communiquer avec leurs proches, ce qui leur permet de mieux concilier leurs obligations personnelles et professionnelles. Ces moments de liberté leur procureraient de plus un sentiment de bien-être au travail. Autant de points positifs susceptibles de renforcer l’attachement des collaborateurs à leur entreprise et leur motivation.
Mais l’usage des réseaux sociaux a pris depuis quelques années un tour professionnel ; l’entreprise a même intérêt aujourd’hui à former ses collaborateurs au bon usage des réseaux sociaux. Leur activité contribuera à l’attractivité de l’entreprise (sa marque-employeur), et les plus assidus d’entre eux pourront devenir des rois du social selling.
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L’employeur pourrait même aller plus loin encore, en mettant en place son propre réseau social d’entreprise. Slack, Yammer, ou Facebook at Work, auraient en effet l’avantage de séduire les plus accrochés à ce mode de communication collaboratif, tout en canalisant leur appétence vers leur cercle professionnel.
Enfin, puisque les membres du gouvernement déposent bien leur smartphone dans un casier avant d’entrer en Conseil des ministres, pourquoi ne pas s’en inspirer pour la réunion la plus importante de la semaine ? Ce serait toujours ça de gagné…