Après une progression de 10 points en 2016, le fait religieux en entreprise marquerait le pas en entreprise. Mais les conflits relatifs, quand ils existent, tendraient à se durcir.
Le cabinet Randstad et l’Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE) ont présenté les résultats de leur cinquième étude (*) sur la place de la religion dans l’entreprise. La progression constatée lors des années précédentes semble se tasser : la part des collaborateurs qui déclarent observer de façon régulière ou occasionnelle des faits religieux sur leur lieu de travail est identique à 2016, soit 65 %. Elle affichait l’année dernière une progression de 10 points par rapport à 2015.
Une pratique religieuse parfois source de conflits
Alors que les « situations délicates » nécessitant une intervention managériale étaient en progression de 2014 à 2016, les résultats de l’édition 2017 de l’enquête révèlent une stabilisation : 53 % d’entre elles n’ont pas nécessité d’intervention contre 52 % en 2016.
En revanche, les « cas bloquants et/ou conflictuels » sont en progression, et représentent aujourd’hui 16 % des situations nécessitant une intervention managériale, contre 14 % en 2016 et 12 % en 2015. Un chiffre à relativiser, car il ne représente que 7,5 % de l’ensemble des manifestations religieuses. Il dénote tout de même un risque pour le fonctionnement de l’équipe et la qualité du lien social. Un manager sur cinq (20 %) déclare être « débordé » par le fait religieux.
Vers un encadrement plus strict
Alors que 40 % des personnes interrogées en 2016 considéraient que l’entreprise devait s’adapter aux pratiques religieuses de ses équipes, elles ne sont plus que 28 % à le penser cette année. Et 41 % des collaborateurs souhaiteraient que des dispositions concernant le fait religieux et la neutralité soient intégrées dans le règlement intérieur de leur entreprise, comme le stipulent tant la Loi Travail que la Jurisprudence récente de la CJUE. Trois collaborateurs sur quatre (75 %) estiment que cette évolution du cadre légal est une bonne chose… alors qu’ils étaient 65 % à s’y opposer en 2016.
La place de la religion entre collègues
L’étude révèle que la pratique religieuse ne constitue pas un sujet tabou dans les entreprises, et que lorsqu’une personne est pratiquante, son entourage professionnel est au courant.
Concernant les relations entre collègues, un tiers (33 %) des personnes interrogées considèrent que la religion peut avoir des effets négatifs au travail, contre 43 % qui estiment qu’elle n’a aucun impact. Un quart (24 %) des collaborateurs pensent au contraire qu’elle a un effet positif.
Assez nettement, la pratique religieuse ne pose aucun problème dès lors qu’elle s’exprime en dehors du temps de travail : 73 % des collaborateurs considèrent que le fait de prier pendant ses pauses est tout à fait admissible, 70 % jugent qu’il n’est pas nécessaire de demander la permission au management pour s’adonner à cette pratique de la prière si elle est réalisée pendant les pauses, et 81 % estiment qu’il est légitime de demander une autorisation d’absence pour une raison liée à sa religion, comme une fête ou une cérémonie, par exemple.
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(*) Etude réalisée par Randstad et l’OFRE entre avril et juin 2017 sur la base d’un questionnaire en ligne conduit auprès de 1093 salariés exerçant pour la plupart (63 %) des fonctions d’encadrement.