Maintenir l'enthousiasme et la créativité des débuts, responsabiliser chaque collaborateur qui a un rôle essentiel à jouer, rassurer aux nombreux carrefours que va rencontrer l'entreprise : trois clés de la réussite d'un manager de start-up.
« La start-up, c'est avant tout un état d'esprit. J'ai créé Adictiz à 22 ans, avec deux camarades de promotion, mais j'ai rapidement été seul à porter le projet. Avec l'expérience, j'ai gagné un peu de maturité et pris du recul, mais je crois que j'ai gardé ce grain de folie. »
Transmettre son enthousiasme
Cet état d'esprit, Charles Christory, 30 ans, Président d'Adictiz, une start up d'optimisation de campagnes publicitaires ciblées par le jeu, l'insuffle à ses 25 collaborateurs. « C'est très important de transmettre son enthousiasme, de montrer qu'on peut toujours mieux faire : voilà ce qui m'anime au quotidien. »
Un avis partagé par Polexandre Joly, créateur de la plateforme Finsquare qui propose du crowfunding (crédits professionnels financés par des particuliers), pour des crédits de 3,000 à 100,000 euros, à des petites entreprises cherchant à financer de l'immatériel. « En tant qu'entrepreneur, j'ai été confronté au manque de réactivité des banques sur ce type de prêt, explique-t-il. J'ai voulu apporter une solution à mes collègues. » Il démarre le projet avec trois cofondateurs aux profils clairement définis : un financier, un commercial et un ingénieur. En tant que Président, Polexandre Joly anime l'équipe. « Nous avons monté la plateforme en six mois. Il fallait donc des collaborateurs très compétents, nous n'avions pas le temps de former des gens. »
Bien définir les rôles
La montée en puissance sera rapide : la première levée de fonds a lieu en janvier 2014, et aujourd'hui Finsquare emploie 13 salariés. « Au fur et à mesure, la structure s'est un peu hiérarchisée, reprend Polexandre Joly. Dans une start-up, chacun est indispensable. Il faut donc bien définir les rôles et responsabiliser les collaborateurs, leur permettre de donner le meilleur d'eux-mêmes »
L'un des moyens utilisés par Charles Christory pour atteindre cet objectif consiste à faire entrer certains salariés dans le capital. « Plus qu'une question d'argent, c'est un moyen pour qu'ils s'approprient l'entreprise.»
Autre clé de la motivation, l'évolution de carrière, qui n'est pas toujours évidente dans une petite structure. « Nous recrutons beaucoup de stagiaires en fin d'études que nous formons nous-mêmes, indique Edgard Baudin, fondateur de Gamned qui, par l'intermédiaire d'une plateforme technologique, permet de personnaliser en temps réel les publicités proposées à chaque internaute, sur web et mobile. Je privilégie toujours la promotion interne pour montrer qu'il est possible d'évoluer et donner des perspectives. »
Communiquer au bon moment
Reste que la vie d'une start-up est loin d'être un fleuve tranquille : « La caractéristique d'une start-up, c'est d'être en territoire instable, souligne Charles Christory. On part sur un modèle, puis on change la façon de voir les choses. Par exemple, nous avons créé le jeu Paf le Chien qui a fait un tabac dans le grand public, et aujourd'hui nous sommes concentrés sur le B to B. »
Des changements qui peuvent créer des incertitudes, voire des inquiétudes, chez les collaborateurs. « La croissance oblige parfois à recruter rapidement, ce qui déstabilise certains salariés notamment les plus jeunes », illustre Edgard Baudin. De même, l'arrivée de nouveaux investisseurs, fréquente dans les start-up, suscitent des questions, sans parler des rachats. En cinq ans, Gamned a fait entrer de nouveaux partenaires financiers, a été acquise par une autre société, avant de finalement racheter cette dernière. De quoi “troubler” plus d'un collaborateur. Pour Edgard Baudin, l'important « c'est de rassurer en permanence sur la bonne santé de l'entreprise et, surtout, savoir communiquer au bon moment ».