Si la mort du salariat n’est pas annoncée, le nombre de travailleurs freelances, lui, est voué à augmenter. Or, manager des équipes d’indépendants n’exige pas les mêmes ressources et n’implique pas non plus les mêmes obligations que pour des salariés. Voici sept pistes pour apprendre à gérer ces actifs d’un autre type.
Aux États-Unis, selon MBO Parters, le nombre de travailleurs à leur compte dépassera celui des salariés d’ici à 2020 ! Ils sont déjà 34% aujourd’hui… De l’autre côté de l’Atlantique, en France, on compte environ 2,8 millions de travailleurs indépendants, soit 10,6% de la population active. Si cette moyenne est l’une des plus basses en Europe (15%), les freelances œuvrant pour les entreprises enregistrent un fort taux de croissance (+11,5%) en France. Respect de la hiérarchie, devoir de ponctualité, présentéisme… autant de caractéristiques professionnelles aujourd’hui remises en question. Éclairages et conseils pour mieux tirer parti de ces collaborations souvent précieuses.
Voici sept pistes pour manager avec efficacité les collaborateurs non salariés :
1/ Établir les conditions de travail
Dès le début d’une collaboration, il est important d’établir une politique de travail afin de partir sur de bonnes bases. Délais, organisation, méthodes de paiement, confidentialité… Votre interlocuteur doit avoir une image claire de vos attentes afin de pouvoir y répondre avec précision et vous expliquer en retour sa méthode de travail. Vous pourrez ainsi anticiper et coopérer intelligemment. Gardez à l’esprit tout de même une certaine ouverture d’esprit pour ne pas paraitre trop rigide.
2/ Opter pour une communication claire, fluide et directe
Les freelances ont plusieurs clients et ont besoin de fluidité dans leurs échanges. Écrire de courts e-mails avec des objectifs précis est primordial. La communication asynchrone, qui fait rage dans certaines entreprises, est à bannir avec des freelances. Elles ne feront que laisser planer des doutes, leur faire perdre du temps, et donc, votre temps. Nudgez donc avec parcimonie et apportez le plus de précisions possibles : ce qui relève du bon sens pour vous ne l’est pas forcément pour ceux qui sont extérieurs à l’univers de votre société. Pensez aussi éventuellement à utiliser une plateforme digitale afin de fluidifier la communication du type Trello, Slack, Ressources Guru, 15Five, Dropbox, Toggl, Zoom…
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3/ Valoriser les rapports sur le long terme
Si l’on souhaite être productif sur le moyen et long terme, mieux vaut collaborer avec des freelances fidèles, en lesquels vous avez confiance et qui vous font confiance en retour. Plus vous consolidez des liens forts dans la durée, plus vous gagnerez en productivité. Soigner ses relations fait donc partie intégrante du management. Rien de pire qu’un freelance qui vous lâche au dernier moment sans vous proposer une roue de secours. Quoi de mieux qu’un collaborateur qui vous apporte expertise et conseil et ne vous laisse pas tomber, même s’il a un empêchement ?
4/ Être plus flexible
Être ponctuel lors d’une conf’ call, répondre aux e-mails, payer dans les délais… la rigueur est tout particulièrement appréciée avec une personne qui travaille à distance. Mais la flexibilité doit aussi être de mise. Si vous avez l’habitude que l’on vous rappelle dans la demi-heure (parce que vous êtes le chef !)... vous devrez apprendre la patience. L’indépendant peut être en déplacement, avec d’autres clients, ou être en pause, tout simplement. Et c’est son droit ! Veillez donc à ne pas prendre la mouche trop rapidement.
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5/ Vendre du rêve
Alors que vous exercez un certain contrôle sur des salariés, il n’en n’est pas de même avec un freelance. Rappelez-vous que ce dernier a souvent choisi son statut pour avoir davantage de liberté, et/ou, obtenir un complément de salaire. Par conséquent, vous êtes relativement remplaçable. Si votre ton autoritaire ne lui plaît pas, il ira voir ailleurs. Vous lui offrez certes du travail, mais il vous offre un service qu’il a su (normalement) valoriser. Pensez donc à vous mettre en valeur : vous travaillez avec des clients connus ? Une forte expertise ? Vous avez des projets en perspective ? Parlez-en ! Le freelance doit pouvoir se dire que vous êtes fiable et unique.
6/ Payez-les dans les temps
Si les salariés sont sécurisés par une paye qu'ils touchent automatiquement à la fin du mois, les freelances, eux, doivent assurer leur propre revenu qui dépend directement... de vous ! Payer vite, c'est aussi assurer un rapport de confiance qui renforcera votre relation sur le long terme.
7/ Encouragez-les !
Les freelances ont besoin de votre avis sur le travail effectué. Leur signifier qu’ils ont fait du bon du travail ou que, à l’inverse, ils n’ont pas répondu à vos attentes est majeur pour établir une relation pérenne et leur permettre de faire leur travail dans de bonnes conditions. Pour cela, vous devrez mettre à l’épreuve vos qualités de pédagogue. À l’inverse, s’il devient trop complexe de faire comprendre vos idées… mieux vaut chercher un autre profil.
Une expérience à valoriser
Patience, hiérarchie plate, communication synchrone… autant d’éléments qui peuvent parfois être oubliés dans le management classique. Et pourtant, ils sont essentiels lorsque l’on souhaite manager avec sérénité une équipe en interne. Manager des freelances est une excellente opportunité de s’exercer et se rappeler que le dialogue et l’écoute sont primordiaux dans tous rapports.
Les indépendants sont aussi une véritable richesse à valoriser : ils sont une porte ouverte sur l'extérieur, un moyen efficace de demeurer alerte sur d'autres techniques et méthodes de travail. Une occasion également de prendre une bonne bouffée d’air, à insuffler à vos équipes qui elles aussi, en ont parfois besoin.