Nous y voilà. Deux ans après l’entrée en vigueur de la loi réformant la formation professionnelle, le délai, accordé aux entreprises pour réaliser avec leurs salariés leurs premiers entretiens professionnels nouvelle formule, arrive à expiration ce 5 mars. L’occasion de faire le point sur ce qui change pour l’entreprise et le salarié.
Exit le DIF, vive le CPF ?
Les trois piliers de cette réforme sont désormais bien connus :
- Le renforcement de la sécurisation des parcours professionnels (avec notamment, dans les entreprises de plus de 300 salariés, des négociations à entamer avec les partenaires sociaux dans le cadre de la GPEC). Dans ce cadre, obligation de mener des entretiens professionnels individuels sous deux ans maximum – puis par période de 2 ans – pour tout salarié embauché avant le 5 mars 2014.
- La mise en place d’un compte personnel formation (CPF), qui se substitue au DIF. Principale nouveauté : ce compte est désormais attaché au salarié, qui peut le transférer lorsqu’il change d’employeur.
- Un nouveau - et énième – mode de calcul et de redistribution des contributions obligatoires des entreprises.
Une mise en place compliquée pour une loi encore mal connue
Comme souvent, la réforme s’avère plus complexe à mettre en place qu’à formaliser. En particulier, le site gouvernemental http://www.moncompteformation.gouv.fr/, créé pour permettre aux salariés de connaître leur montant de droits et les formations auxquelles ils peuvent prétendre – voire s’y inscrire – n’a été opérationnel que début 2016. Et encore, son ergonomie laisse à désirer.
71% des DRH avaient communiqué sur le CPF avec leurs salariés en octobre 2015 (source Groupe de formation Démos) mais 20% seulement sur l’entretien professionnel. D’ailleurs, ce dernier n’avait été mis en place que dans la moitié des cas.
210 000 dossiers de formation au titre du CPF ont été validés en 2015 (par des salariés ayant utilisé la faculté de transférer leurs droits DIF sur leur nouveau compte CPF) , contre 515 000 en 2014 au titre du DIF. La faute à un circuit de certification des formations jugé plus complexe. D’ailleurs, il a fallu que les organismes spécialisés se mobilisent pour faire « labelliser » les formations en langue, initialement exclues du périmètre…
Par ailleurs, seules 2616 actions de formation – sur les 210 000 dossiers - ont été conduites à leur terme et financées. Les salariés représentent à peine 20% des dossiers, leur écrasante majorité émanant de demandeurs d’emploi. Ces derniers se positionnent aussi sur des formations plus longues (585 heures en moyenne, contre 150 pour les salariés). A noter que le gouvernement a annoncé début 2016, son intention d’étendre le dispositif d’ici 2018 à d’autres catégories de personnes (travailleurs indépendants, libéraux).
Il est évidemment trop tôt pour juger de l’impact de la réforme. Mais il faut évidemment souhaiter qu’elle contribue à améliorer la formation professionnelle, véritable passeport pour un parcours sécurisé du salarié.