Il fait un temps superbe sur le golfe de Saint-Tropez en ce début mars. De quoi réjouir les collaborateurs de la mairie de la Croix Valmer, qui apprécient ces premiers beaux jours, bien avant l'arrivée des touristes qui multiplieront la population par 10 lors des pics de l’été. Une journée idéale pour partager un repas d’inspiration italienne, à la Villa Bacco, un restaurant situé à l’entrée de la Croix Valmer. A table, les questions d'environnement et les difficultés pour se loger sur place seront au centre de nos conversations.
La salle est calme, et le restera. « Rien à voir avec ce que nous pouvons vivre pendant l’été ! » s’exclame Gael Engelbach, le directeur du centre technique de la ville. « En haute saison, la population monte à plus de 30 000 habitants, presque dix fois plus que les 3 500 résidents permanents recensés par l’Insee » renchérit Francis Cayol, le DGS de la commune. Ce dernier apprécie particulièrement cette période de relative sérénité. « Cela ne nous empêche pas de faire avancer les travaux pendant la morte saison, bien au contraire ». Et des projets d’aménagement, il y en a ! Par exemple, la commune est en passe d’adhérer au Parc National de Port-Cros et Porquerolles. Une confirmation de son caractère naturel préservé, dans un golfe de Saint-Tropez habitué à la grande foule… et pas toujours regardant, par le passé, aux attentes liées à l’environnement. Il suffit de regarder la mémorable série des Gendarmes pour s’en souvenir…
Un environnement exceptionnel
La Croix Valmer joue résolument la carte de la préservation d’un environnement exceptionnel. La commune fait notamment partie du sanctuaire Pelagos, une zone maritime de protection des cétacés qui s’étend depuis la Toscane italienne jusqu’à la presqu’ile de Giens. « Il n’est pas rare de croiser des bancs de dauphins au large » s’émerveille d’ailleurs Gael Engelbach. Il n’est pas le seul à être venu dans la région, attiré par les paysages et un climat accueillant. Ses deux collègues, Monique Bonnierre au secrétariat général et Audrey Vanverte, DRH adjointe, sont arrivées de Picardie voici quelques années. « J’étais de toute façon décidée à bouger, confesse Monique Bonnierre. Au départ, mon mari militait pour partir au Canada. Heureusement qu’il a eu l’occasion de découvrir cette région entre temps » s’amuse-t-elle rétrospectivement.
Logement et pouvoir d'achat
Pendant que nous dégustons des entrées couleur locales - ou presque – dont des salades niçoises, la conversation s’oriente sur le coût de la vie, notamment celui du logement. « Pour des fonctionnaires, le prix des locations, ou l’achat immobilier, s’avère de plus en plus prohibitif » constate Audrey Vanverte. « D’ailleurs, lorsque l’heure de la retraite vient, avec la baisse de revenus qui l’accompagne, certains sont dans l’obligation de quitter la région ». Un vrai paradoxe quand on sait le nombre d’habitants du Nord de la France qui rêvent de s'y installer à l'issue de leur vie professionnelle. Mais même pour les actifs, trouver un logement accessible s’apparente à une course d’obstacles. Tout en dégustant ses gnocchis a matriciana, Gael Engelbach raconte que parmi les saisonniers qui travaillent dans ses équipes, par exemple sur les plages, certains viennent chaque jour de Toulon, à une bonne heure de route. « Et c’est quand il ne pleut pas, ironise-t-il. Car alors, les routes déjà encombrées en temps normal deviennent glissantes et le trafic se ralentit encore ».
« La question du pouvoir d’achat est vraiment centrale aujourd’hui pour les salariés » intervient Claire Places, la commerciale d’Edenred qui partage ce repas avec nous. « Tous les ans, nous organisons avec Ipsos une grande enquête baromètre sur leurs préoccupations. Cette année encore, c'est le pouvoir d’achat qui arrive en tête, devant les attentes de reconnaissance et, de façon peut-être plus étonnante, les problèmes de garde d’enfants ». Une étude dont Edenred tire un certain nombre de pistes d’actions pour les bénéficiaires de ses divers titres de paiement. « Par exemple, nous avons mis en place le Club Beneficio, un espace de promotions pour les détenteurs de nos produits, dont évidemment le Ticket Restaurant®. Et nous développons notre offre de chèques emploi-services(CESU) pour régler notamment les prestations des nounous ».
Francis Cayol tient à compléter. « Heureusement que les communes ne sont pas totalement désarmées pour aider leurs collaborateurs, et les actifs en général, à accéder à la propriété ou à des locations à prix maîtrisés ». Cette faculté d’investir dans des programmes immobiliers a été plusieurs fois utilisée par la mairie de la Croix Valmer. « Nous permettons ainsi à certains de nos employés de s’éviter de longues heures de trajet pour venir travailler ». Il précise que d’autres communes du Golfe, encore plus marquées par la pression foncière, sont quasiment dans l’impossibilité de proposer des logements à leurs fonctionnaires. C’est notamment le cas à Saint-Tropez. Difficile à croire mais aujourd’hui, les célèbres gendarmes auraient dû se délocaliser. Et n’auraient peut-être pas eu l'opportunité d’enquêter sur les plages de naturistes !