Le covoiturage hors agglomération se développe beaucoup en France, avec de plus en plus d’expérimentations comme la réservation de voies exclusives sur les grands axes. Les mentalités évoluent lentement vers la fin de l’autosolisme. Effectuer un trajet à deux ou plus en voiture reste plus économique et plus écologique, puisque l’on réduit d’un tiers les automobiles en circulation (1). Aujourd’hui, des applications permettent de trouver un passager ou un chauffeur, même à la campagne. Leur objectif : 3 millions de trajets quotidiens en covoiturage d’ici 2024.
Le covoiturage, comment ça marche ?
Avec 70 % d’automobilistes, mais seulement 3 % d’utilisateurs, le covoiturage est un comportement encore émergent qui se développe surtout en ville (2). En milieu rural, il existe aussi dans les bassins d’emplois entourant les petites et moyennes agglomérations.
Deux exemples nous permettent de voir comment la prise en charge, le voyage et les frais de déplacement se gèrent au quotidien pour le covoiturage hors agglomération. En région parisienne, Christian est domicilié dans le Vexin. Ici, pas de bus, ni de métro ou de RER. Quand il ne télétravaille pas, il se rend à Cergy au siège de son entreprise, grâce à la plateforme de covoiturage Covoit’ici. En province, à Angoulême, grâce au réseau Ma Campagne, Christine emmène sa collègue tous les jours en auto. Elles se rejoignent sur un parking spécifique, facile d’accès.
Une pratique pour les grandes agglomérations
En Île-de-France, près de 900 000 personnes covoiturent tous les jours afin de se rendre au travail. Cela représente, selon Île-de-France Mobilités, 3 millions de trajets en 2024. Un salarié qui covoiture économise environ 2 000 € par an de frais de transport. Enfin, toujours en Île-de-France, les Franciliens ont déjà économisé 272 746 tonnes de CO2 grâce au covoiturage (3).
À Lille, la campagne des Weppes est dotée de trois aires de covoiturage, aménagées par la métropole. Une aire de covoiturage correspond environ à 20 places de stationnement. Le concept est en vogue, certes, mais les parkings sont déserts depuis la crise sanitaire. Deux nouvelles aires sont pourtant attendues en 2021 (4).
À Strasbourg, le succès de Klaxit s’explique par l’absence de commission prise par l’application sur les covoitureurs. En effet, ce sont les entreprises qui souscrivent un abonnement (jusqu’à 100 000 € par an pour les plus importantes). Carrefour, BNP, Essilor ou Norauto font partie des 150 sociétés qui ont déjà signé. En effet, au regard de la loi d’orientation sur les mobilités (LOM), les entreprises de plus de 50 salariés sont tenues, depuis cette année, d’avoir un plan mobilité. L’application de covoiturage souhaite se déployer rapidement dans une cinquantaine de villes.
À Marseille, la mobilité est une compétence déléguée à Aix-Marseille-Provence Métropole, qui veut enrichir l’usage de la voiture à de nouveaux services. La Métropole s’engage ainsi à développer l’autopartage sous différentes formes, à travers un label métropolitain : service traditionnel, free-floating, ou encore offre mutualisée dans les zones d’emploi. Dans un premier temps, l’objectif est d’atteindre les 1 000 véhicules électriques en autopartage, répartis sur 25 communes (5). Pour ce qui est du covoiturage, la métropole veut développer un réseau maillé d’aires dédiées sur les principaux axes routiers. Pour faciliter l’accès des covoitureurs au réseau de transports collectifs, elle prévoit de réserver des places de stationnement à leur usage exclusif.
Comment implanter le covoiturage hors agglomération ?
Garantir le trajet retour aux covoitureurs
Hors agglomération, disposer d’un covoiturage pour l’aller comme pour le retour est particulièrement important. En effet, si le covoituré ne dispose pas de moyen de transport pour le retour, il ne peut pas se tourner vers les transports en commun, plus rares en campagne. L’application Klaxit s’engage dans ce cas à ramener le passager sans chauffeur par un VTC Uber, si l’attente est supérieure à 10 minutes. C’est la Maif, partenaire de Klaxit, qui prend en charge le VTC.
Sécuriser les paiements
De nombreuses applications proposent en outre le paiement du trajet directement sur smartphone, comme Covoit’Ici (6) qui compte 12 000 utilisateurs inscrits, pour 2 050 trajets et 18 lignes de covoiturage actives en 2020. D’autres comme Klaxit (7) ou Karos (8) se sont spécialisées dans le covoiturage de courte distance entre le domicile et le travail.
Ces startups bénéficient également de subventions d'Île-de-France Mobilités, permettant un covoiturage gratuit pour les passagers les jours de grève. Mais les conducteurs manquent pour assurer ce service de manière optimale.
Proposer des aires de covoiturage plus nombreuses et des voies réservées
Le covoiturage nécessite des aires de covoiturage afin que chauffeurs et passagers puissent se donner rendez-vous. La France compte actuellement 2000 zones d’accueil, mais elles ne sont pas assez nombreuses et pas toujours bien identifiables. Aucune base ne les référence de façon exhaustive, aussi BlaBlaCar a pris l’initiative de créer ce fichier, disponible depuis 2018 en open data (11). Les agglomérations et communes, souvent dotées de la compétence mobilité, doivent améliorer la signalisation et les accès à ces aires sécurisées. Certaines, comme Rennes Métropole, aménagent des voies exclusivement réservées aux covoitureurs, taxis et bus, de manière à faire gagner du temps de trajet à ces modes de transports propres.
Financer le covoiturage de son salarié
La loi d’orientation des mobilités (LOM), avec la création du forfait mobilités durables pour les déplacements domicile-travail, permet à chaque salarié ou agent de recevoir 500 euros par an. Ticket Mobilité inclut la prise en charge du trajet domicile-travail. Thématique imposée des négociations annuelles obligatoires (NAO), la mobilité est l’occasion de donner plus de pouvoir d’achat à vos salariés, tout en maîtrisant vos coûts. Le forfait Mobilités Durables est exonéré de charges.
À la campagne, le covoiturage est un moyen de lutter contre l’isolement et de développer son réseau. Il permet aussi de favoriser les relations entre collègues si le covoiturage est organisé au cœur même de l’entreprise.
Sources :
- Ademe
- Ministère de la Transition écologique
- https://www.iledefrance-mobilites.fr/
- https://www.iledefrance-mobilites.fr/le-reseau/services-de-mobilite/covoiturage
- https://www.lavoixdunord.fr/958825/article/2021-03-14/dans-les-weppes-la-metropole-europeenne-de-lille-fait-le-plein-d-aires-de
- https://www.ampmetropole.fr/bus-metro-velo-aix-marseille-provence-se-bouge
- https://www.covoitici.fr
- https://www.klaxit.com/
- https://www.karos.fr/
- www.ecov.fr
- https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/aires-de-covoiturage-en-france/
- https://siecledigital.fr/2020/02/06/en-2019-les-revenus-de-blablacar-ont-augmente-de-71/