« Vieillir, c’est perdre son sens de l’adaptation », disait le Professeur Léon Schwartzenberg. Une vérité tout aussi valable dans le monde du travail. Mais le changement est souvent source de tension, car synonyme d’inconnu. L’impermanence peut pourtant avoir du bon : quand une crise survient, n’est-il pas rassurant de savoir qu’elle ne sera – forcément - que passagère ?
L’impermanence est l’un des principes fondateurs de la philosophie bouddhiste. Il signifie que rien n’est immuable. Autrement dit, tout bouge en permanence, ce qui vaut également pour nous autres, Occidentaux. Il faut ainsi s’adapter aux changements inéluctables de notre environnement, y compris professionnel. Et revoir en conséquence nos certitudes, nos attitudes, nos habitudes, ce qui peut engendrer un certain stress.
Les changements ne se conduisent pas tous seuls
S’il y a bien une preuve que le changement demeure source de tensions dans le monde du travail, c’est le développement de la « conduite du changement » au sein des entreprises. Toute modification d’une équipe, toute mise en route de nouveaux process, est désormais précédée ou accompagnée par des experts de ces mutations. Objectifs : assurer que les mutations vont prendre en profondeur, et limiter le stress que le changement projeté risque de générer chez les collaborateurs concernés, d’autant plus lorsqu’il s’impose à eux, ce qui est le cas le plus fréquent.
Pour ce faire, on identifie les sources de résistance au changement. L’une des plus courantes tient à la crainte des collaborateurs de voir disparaître certains de leurs avantages. On pourra calmer cette appréhension en pointant ce que la nouvelle organisation pourra leur apporter en contrepartie. Pour remédier à la peur de l’inconnu qui parcourt la plupart des collaborateurs à cette occasion, il convient de les informer et de leur donner l’occasion d’exprimer leurs doutes et leurs interrogations. On pourra également proposer des formations à ceux qui redoutent de ne pas avoir les compétences nécessaires pour faire face à leurs nouvelles tâches.
Juste un mauvais moment à passer ?
Hormis ces cas bien identifiés de transformations au sein de l’entreprise, chaque collaborateur est exposé chaque jour aux modifications de son propre cadre professionnel, ce qui requiert un minimum de souplesse et d’adaptabilité. Au lieu d’aborder ces changements avec réticence, on peut au contraire s’en saisir de manière positive. C’est à cette attitude qu’invitent certains professionnels, tel que Richard Roy, conférencier québécois et coach de chefs d’entreprises. Il voit en effet dans ces bouleversements des opportunités de se redéfinir. Et leur existence dépend de la posture mentale dans laquelle on choisit de se placer : soit négative en se contentant de se plaindre et de critiquer, soit positive en accueillant la nouvelle situation de manière active et créative - une occasion d’évoluer.
C’est de la même manière que le psychiatre français Christophe André propose de faire face à ces changements perpétuels. Selon lui, nous sommes en réalité plutôt affectés que rassurés par le sentiment d’impermanence. Lorsque nous n’allons pas bien, nous avons en effet l’impression –erronée - que cela ne s’arrêtera jamais. Prendre conscience de l’impermanence permet de mettre à distance cette fausse croyance et de reprendre pied dans le réel, moyen plus efficace de l’aborder.