Un seul expert vous manque et toute l'entreprise est dépeuplée ? C’est que, même si personne n’est irremplaçable, les experts détiennent une part essentielle de savoir au cœur du métier de l'entreprise. Comment manager ces spécialistes ? Ca n’est forcément facile.
Développer la confiance en soi
« Manager un expert, c'est pousser la délégation jusque dans une zone d'ombre », estime Laurent de Rauglaudre, consultant et auteur du blog je-suis-manager.com. Pas simple en effet de réaliser des arbitrages à partir d'éléments que l'on ne maîtrise pas ou que l'on ne peut pas vérifier, faute de temps ou de compétences. Manager les experts suppose donc d'avoir confiance en soi-même et en sa capacité de discernement. Ce qui « conduit à grandir dans sa fonction de manager », estime Laurent de Rauglaudre.
L'expert a-t-il toujours raison ?
D'autant que le propre de l'expert, c'est de toujours avoir raison - souvent contre tous. « Je n'aime pas le terme d'expert, justement parce qu'il sous-entend cette idée, je préfère parler de spécialiste, reprend Laurent de Rauglaudre. Certes, cette personne a appronfondi une question, elle est hyper pointue dans son domaine, mais il existe aussi d'autres points de vue, qui peuvent évoluer en fonction du temps et des circonstances. Et puis, le spécialiste ne couvre qu'un domaine. » L'ingénieur peut avoir raison techniquement, mais tort sous un angle marketing ou économique, par exemple.
Le risque est réel d'une prise de pouvoir de l’expert, ou tout au moins d'un étouffement de l'intelligence collective, à l'image de ces plateaux de télévision sur lesquels les experts pérorent devant des journalistes abdiquant tout esprit critique. Face à cette éventuelle arrogance, tout le talent du manager sera de faire comprendre à l'expert qu'il est là pour fournir une analyse professionnelle et détaillée d'un problème, mais pas pour décider. Il y a tant d’autres critères à prendre en compte !
Querelle d'experts
La pire des situations pour le manager, c'est de se retrouver face à une querelle d'experts. Dans une telle situation, qui croire ? Qui a raison, qui a tort ? Comme tout être humain, le spécialiste peut se tromper, mais une erreur d'expertise peut devenir dramatique si elle touche le cœur de métier d’une entreprise. Pour Laurent de Rauglaudre, « il faut être capable de repérer les signaux faibles. Si je sens des doutes chez mon collaborateur, si je perçois qu'il est en difficulté alors qu'il m'a démontré depuis longtemps la qualité et la pertinence de ses analyses, alors il vaut mieux vaut demander une contre-expertise ».
Un grand besoin de reconnaissance
Mais attention à ne pas les vexer… Les experts sont souvent des personnalités sensibles et hyper réactives. Et pour cause : ils sont passionnés par leur sujet, ils s'investissent sans compter, sont constamment sollicités, et se sentent souvent bien seuls. La question de la reconnaissance à leur égard est essentielle, et elle n’est pas facile à régler… dans la mesure où personne ne comprend exactement ce qu’ils disent ! Pour être heureux au travail, l’expert a besoin de percevoir des signes d’admiration et de respect. Mais aussi de se sentir apprécié au delà de sa sphère de compétences : l’expert est d’abord un être humain.
Rémunérer l'expertise aussi bien que le management
La reconnaissance passe aussi par le salaire. Laurent de Rauglaudre plaide pour que « l'expertise soit aussi bien rémunérée que le management. Aujourd'hui, pour être reconnu et mieux payé, il faut devenir manager. » Cette réalité conduit certains experts à s'orienter vers le management pour faire évoluer carière et fiches de paie. Avec des résultats parfois catastrophiques, tant un bon expert ne fait pas forcément un bon manager.
4 conseils pour manager les experts
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