Sondage à l’appui, Bpifrance démontre, dans une étude parue mi-janvier, de grosses inquiétudes chez les dirigeants de PME concernant le recrutement et la fidélisation des compétences. Mais des leviers d’amélioration existent.
Le 16 janvier 2018, la Banque Publique d’Investissement Bpifrance a rendu public les résultats d’une étude-sondage intitulée « Attirer les talents dans les PME et les ETI ». Une façon bien particulière de souhaiter la bonne année aux quelques 3 millions de TPE et PME françaises, que de leur rappeler à coups de chiffres, combien le capital humain constitue un problème épineux pour elles ! Mais les chiffres ont ceci d’utile qu’ils permettent de faire un état des lieux pour mieux le comprendre et bien sûr tenter de l’améliorer. Et Bpifrance se veut force de propositions.
Des canaux de recrutement insuffisamment dynamiques
Sur les 2000 entreprises interrogées par le Lab BPI France, 83% des dirigeants reconnaissent avoir des difficultés à embaucher. Et 57% estiment que cela entrave leur croissance. En creusant davantage, il s’avère que dans les entreprises de moins de 50 salariés, le canal de recrutement privilégié par le plus grand nombre de dirigeants est celui des candidatures spontanées (79%) : cela démontre une attitude assez attentiste.
Juste après viennent la cooptation et les réseaux personnels (76%), un canal rassurant sur la valeur du candidat mais restreint, puis l’apprentissage et l’alternance (60%) garants de la qualification des candidats, les sites d’emploi (48%) et les réseaux sociaux (30%). Mais ces différents outils ne suffisent pas pour recruter les compétences nécessaires, puisque 72 % des répondants manquent de profils opérationnels (ouvriers qualifiés, chauffeurs, techniciens, comptables, conducteurs de travaux, informaticiens…) et 41 % de profils commerciaux. Fidéliser les talents est aussi un problème : 42% déplorent le départ récent de compétences et d’expertises critiques.
Des pistes d’amélioration pour recruter et fidéliser
Dans son étude, le Lab Bpifrance propose aux PME, une fois tous les chiffres posés, quelques leviers d’amélioration, en s’inspirant des pratiques des grands groupes mais aussi des start-ups, qui ont en commun de travailler activement leur attractivité. Par les rémunérations tout d’abord, avec la mise en place de dispositifs d’épargne salariale, de participation ou d’intéressement (moins du tiers des interrogés y recours et moins de 5% ont ouvert leur capital à leur salarié) ou encore des avantages collectifs (par exemple des titres restaurant ou des titres cadeaux) et des primes de performance individualisées. Une fois les talents séduits, reste à les fidéliser, en s’inspirant des pratiques des start-up : les impliquer davantage à travers des réunions d’équipe, des séminaires ou des moments de convivialité, ce que font déjà 4 entreprises interrogées sur 10. Autre recommandation : amplifier la présence de sa PME sur les réseaux sociaux, un canal utilisé par seulement 30 % de celles-ci pour recruter contre 65 % du côté des ETI.
C’est quoi, un talent à retenir ?
Un constat est à l’origine de l’étude de Bpifrance : le capital humain est la grande faiblesse des PME, peu attrayantes pour les jeunes diplômés et les cadres supérieurs. L’étude le confirme : 57 % des PME-ETI disent manquer de talents pour croître. Dans l’esprit des dirigeants, ces talents indispensables concernent tous les niveaux de qualification et tous les types de postes en entreprise. Ils projettent derrière ce mot « talent » une personne compétente dans son métier mais aussi un salarié engagé et motivé. Quelqu’un qui adhère aux projets et aux valeurs de l’entreprise, qui sait travailler dur dans l’intérêt supérieur de celle-ci et se mettre au service du collectif. Une perle rare !