Des ratages qui provoquent des trouvailles de génie, l’histoire en regorge. Y compris dans le monde de l’entreprise ! Encore faut-il cultiver un état d’esprit qui s’y prête, et ne pas passer à côté de l’inattendu qui s’invite.
Quand on cherche, on trouve, mais pas toujours ce que l’on imaginait. Et ce n’est parfois pas plus mal. C’est l’œuvre de la sérendipité, définie comme l’aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l'utilité.
Savoir cueillir le fruit du hasard
Les exemples ne manquent pas, comme celui de Christophe Colomb qui, parti pour les Indes, découvre l’Amérique, à la suite d’une erreur de calcul. Ou encore la célèbre tarte Tatin née elle aussi d’une maladresse : l’une des sœurs Tatin, avait un jour enfourné les pommes en oubliant de garnir de pâte le fond du moule ; qu’à cela ne tienne, elle la plaça par-dessus les fruits… et ce fut un régal. Mais aussi la découverte accidentelle de la pénicilline par le docteur Fleming. Ce dernier travaillait sur l’effet antibactérien d’une enzyme présente dans les larmes et la salive à partir de cultures de staphylocoques ; de retour de vacances, il découvre ses boites recouvertes de moisissures et constate qu’il n’y a pas trace de staphylocoque autour de ces dernières. La pénicilline est née.
Pour que la sérendipité puisse survenir et que le hasard soit heureux, encore faut-il un contexte qui le permette. La première condition réside dans la mise en mouvement, une quête : on cherche quelque chose. Il faut ensuite être capable de discerner l’intérêt de la trouvaille faite par accident, ce qui suppose d’être doué de perspicacité et d’un minimum de connaissances. Et bien sûr, savoir faire preuve d’ouverture d’esprit, en étant capable de s’éloigner de l’objet initial de sa recherche.
La sérendipité, élément d'une stratégie d'innovation
Appliquée à l’entreprise, la sérendipité peut favoriser l’innovation. Le management a ainsi tout à gagner à encourager chez ses collaborateurs une attitude qui laisse place à cet imprévu productif. Pour ce faire, il doit bien entendu fixer un cap, celui de l’entreprise, mais en laissant un minimum de souplesse à ses équipes dans la recherche du but à atteindre. Certaines entreprises comme Google laissent par exemple leurs employés se livrer à des recherches personnelles sur une partie de leur temps de travail, et s’en approprient ensuite le fruit éventuel.
Autre élément favorable à une émulation collective, le partage d’informations tous azimuts : les idées doivent circuler le plus possible, ce qui est facilité par les espaces de coworking, les réseaux sociaux internes tels que Yammer, l’intranet… L’entreprise a également intérêt à recruter des profils de collaborateurs diversifiés, afin d’alimenter sa créativité. Et surtout, non seulement elle doit savoir discerner l’intérêt d’une découverte inattendue, mais aussi être capable de réorienter ses ambitions dans la nouvelle direction qui se dégage soudain. Autrement dit, place à une stratégie, oui, mais en laissant la porte ouverte aux bonnes surprises !