Entre la gestion de l'équipe municipale, celle des agents et la relation avec les habitants, le maire d’une commune moyenne est un manager atypique. Qui a un contrat un peu particulier, remis en jeu tous les 6 ans !
Le patron, c'est le maire ! Dans une commune, tout le monde le sait, au point que tout le monde veut le voir. Un patron certes, mais un patron un peu particulier. D'abord parce qu'il est en contrat à durée déterminée – son mandat court sur 6 ans. Pas besoin de consultants pour lui faire comprendre que l'entreprise doit être organisée autour de ses clients, pardon, de ses administrés…
Vraiment écouter tout le monde, et faire preuve d'empathie
Cette situation oblige à développer une réelle écoute, et à faire preuve d'empathie. Le maire fait parler les gens, sur les marchés et dans les services. Cela l’oblige à innover, à imaginer des solutions, y compris face à des problèmes qui, à première vue, paraissent insolubles.
Autre différence de taille, le maire travaille avec l'argent de ses administrés (notamment) - il leur en est redevable et cela ne manque pas de lui être rappelé !
Engager les élus
Quant à son conseil d'administration, dans les petites villes, il est composé de bénévoles ou de quasi bénévoles. Une équipe municipale comporte des personnalités, des sensibilités très différentes, unies autour d'un projet. À la différence du manager dans une entreprise privée, il n'existe pas de lien hiérarchique formel, ni de rapport d'employeur à employé, entre membres du Conseil municipal. Le choix de ses « collaborateurs » se révèle donc essentiel, au-delà de la constitution de la liste électorale !
Évidemment, chaque maire a sa pratique. Certains sont plus dirigistes que d'autres. Mais s'il souhaite que le projet soit porté par ses élus, il a tout intérêt à les impliquer, notamment en provoquant des débats autour des grandes décisions, au cours desquels tout le monde est placé sur un pied d’égalité.
Tout comme ce devrait être le cas en entreprise, il faut laisser une large autonomie aux adjoints en charge d'une délégation, gérer les susceptibilités, s'assurer que chacun a bien sa place, que certains n'écrasent pas les autres, bref que tout le monde y trouve son compte.
Car les plus difficiles à gérer sont souvent… les élus. Ceux qui sont cadres dans un grand groupe voudraient que l'on gère la ville à grand coup d'indicateurs, de courbes, de chiffres, de reporting. D’autres rappellent en permanence qu'une commune n'a pas grand-chose à voir avec une entreprise – et résistent à des changements de manière de faire tant qu’ils n’en ont pas saisi le bénéfice pratique. Il faut parvenir à engager tout le monde !
Le maire passe, les agents restent
Le maire d'une commune moyenne a également une autre équipe à gérer, celle des agents. Pour cela, il s'appuie sur un DGS - directeur général des services. Mais là aussi, son statut « en CDD » fait de l’élu un atypique face aux fonctionnaires territoriaux qui bénéficient d’une sécurité de l’emploi à peu près totale : le maire passe, les agents restent.
La plupart des agents font preuve de loyauté, quel que soit le maire en place, mais l'on travaille encore mieux lorsque l'on adhère personnellement au projet ou lorsqu'on apprécie le maire. C'est humain ! Une bonne raison pour faire la pédagogie du projet et valoriser le travail accompli.
Y compris auprès des habitants, dont beaucoup se comportent comme des consommateurs plus que des citoyens. Difficile pour eux de comprendre que le trou dans la chaussée devant chez lui n'est pas rebouché immédiatement, quand Amazon livre votre commande dans la journée !
Raoul Malin
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